A l’aube de l’étape reine de ce Tour de France, Damiano Cunego est 7° au classement général. Discret, mais bien présent malgré le fait qu’on le cite très peu lorsque l’on parle du Top10, l’Italien est parti pour faire le meilleur Tour de France de sa carrière jusqu’à maintenant.
Au plateau de Beille, il limite la perte de temps face aux autres favoris
A bientôt 30 ans, il a gardé son visage d’ange qui lui vaut son surnom de « Petit Prince de Vérone » avec lequel il a gagné son Giro. On a l’impression que c’était hier, mais c’était il y a déjà 7 ans. Ce Giro, il l’a gagné à, à peine, 23 ans, fait très rare en cyclisme de nos jours, avec 4 victoires d’étapes. L’intérêt de tous s’est alors arrêté sur l’Italien qui n’a commencé le vélo qu’à 16 ans.
Damiano, réservé, introverti, sérieux, passionné par ce qu’il fait, qui ne se fait remarqué que par ses résultats en course, s’est fait, grâce à cela, aimer du public.
2004 a été son année et Damiano est alors attendu, pour continuer dans cette voie, gagner, encore, et pourquoi pas un Tour de France ! Malheureusement pour ceux qui l’ont monté trop haut trop vite, il va montrer son mauvais niveau en contre-la-montre et aussi dévoiler des capacités en montagnes un ton en dessous de celles de certains Alberto Contador ou Andy Schleck. Mais ces ‘défauts’ ne l’empêcheront en aucun cas de gagner le maillot blanc du Tour 2006, son premier Tour de France, en se classant 11° du général. Il se révèlera bon coureur de classiques par la suite avec de nombreuses places d’honneur et une victoire sur Liège-Bastogne-Liège en 2008, ainsi que très bon coureur de fin de saison avec ses victoires au Tour de Lombardie en 2007 et 2008 ainsi que des victoires sur la Vuelta avec en 2009, deux étapes ajoutées à son palmarès.
Avant le Tour de cette année, il aura terminé 29° du Tour 2010 et aura été non-partant lors de la 19° étape en 2008 après une chute du côté de Vizille entre Bourg d’Oisans et Saint-Etienne où il aura courageusement fini l’étape.
Cette année, il aura montré une très bonne forme au Tour de Suisse qu’il laisse pour seulement 4 secondes à Levi Leipheimer à cause de l’ultime contre-la-montre, discipline où il pèche toujours. Néanmoins, il arrive sur ce Tour de France avec une bonne forme. Soucieux de bien faire, il espère enfin entrer dans le Top 10 final avec au moins une victoire d’étape. Peut-être espère-t-il gagner au sommet de l’Alpe d’Huez, là, où, en 2006, il avait été battu par Fränk Schleck pour 11’’.
Pour le moment, il réalise un Tour de France sans faute. Dès la première étape, il se montre présent : il arrive avec la première partie du peloton, ne perdant que 3’’ sur Cadel Evans. De même à Mûr de Bretagne, il ne perd que 6’’ sur Cadel Evans et Alberto Contador, il gère son effort. Malheureusement, le contre-la-montre par équipe lui aura fait perdre du temps et quelques places au général : 1’04’’ sur la Team Garmin Cervélo.
Dans les Pyrénées, il a toujours été présent, avec les autres favoris. Lorsque les attaques sont nombreuses, que l’allure augmente, il semble ne pas s’affoler et au lieu de se mettre dans le rouge trop vite, il continue à monter à son allure et arrive à revenir dans le groupe lorsque le tempo redescend, ce qui a été le cas dans les Pyrénées. Le temps qu’il a perdu en montagne lors de la 2° semaine, il l’a perdu dans les 3 derniers kilomètres lorsque le tempo s’est accentué pour ne pas rebaisser jusqu’à l’arrivée. C’est le cas tout d’abord à Luz-Ardiden où il finit 5’’ après le groupe Andy Schleck-Cadel Evans-Ivan Basso, en chasse derrière Fränk Schleck qui était sorti et ensuite au Plateau de Beille où, là, il a perdu plus de temps, les nombreux changements de rythme l’ayant fait souffrir : il perd 39’’ sur son compatriote Ivan Basso, sur Cadel Evans, Alberto Contador ou encore Fränk Schleck et 41’’ sur Andy Schleck.
Néanmoins, s’il n’a aucun ennui mécanique, lors des montées, et aucun problème de santé, il sera dans le top 10 à Paris car ,au jour d’aujourd’hui, il possède plus de 4 minutes sur le 11° qu’est Jean-Christophe Péraud. Viser un top 3 serait trop présomptueux de sa part à cause du chrono de Grenoble où il ne sera pas à son avantage mais il peut, au mieux, viser un top 5 s’il parvient à suivre les meilleurs dans le Galibier et l’Alpe d’Huez. A présent, il n’a plus qu’à suivre ses adversaires, ce n’est pas à lui d’attaquer, il ne court pas pour la victoire à Paris. Néanmoins, on pourrait bien le voir tenter le coup lors de ces deux dernières étapes des Alpes pour accrocher, pourquoi pas, la victoire d'étape.
Article réalisé par Chloé Lemarchand | Photo : Roberto Bettini