Une fois n’est pas coutume, je ne vais pas vous parler de sport, mais de Gérard Holtz ; rien à voir, donc.
Mercredi, en effet, « l’ami » Gégé a connu son jour de gloire en recevant des mains du président de la République une jolie breloque l’élevant au rang de chevalier de l’Ordre national du Mérite. Rien que ça !
Depuis quelques semaines, déjà, Gégé frémissait et squattait les plateaux de France Télévisions pour assurer la promotion de SON événement. Tour à tour, il s’est confié à la psy cathodique Mireille Dumas, avant de s’inviter, lundi dernier, dans l’émission matinale de l’inqualifiable Sophie Davant pour y cuisiner des cuisses de poulet en papillotes. Véridique !
D’ailleurs, le met est ressorti copieusement brûlé du four, « foiré », dirons-nous vulgairement, un peu comme toutes les plaisanteries sarcastiques qu’entreprend Gérard sur nos voisins Belges. Pour mémoire, la plus succulente eut lieu en plein après-midi dominical, lors du dernier Tour de France, quand le peloton entra dans le hameau de Putte, en terres wallonnes. Ce jour-là, Gérard Holtz, armé de son éternel brushing et de son sourire au Tonygencil, lança fièrement : « Je dois avouer que je n'ai jamais vu autant de fils de Putte sur le bord de la route. »
Ce n’est donc pas pour ce jeu de mots facile qui lui valut le procès de la bien-pensance – chose que je déplore – que la Nation a décoré Gégé. Tout juste cette boutade lui aurait offert un siège aux Grosses Têtes.
Non, si Gégé a eu droit aux honneurs républicains, c’est parce que, dit-on sous les ors élyséens, il a fait « aimer le sport à des millions de Français». Soit. Sauf que, excusez l’évidence, ce sont les sportifs qui nous font aimer le sport. Pas Gérard, qui est davantage subi que choisi.
De cette évidence, Gégé n’a que faire. Seul lui importe son égo et les flatteries qui vont avec. Dans les colonnes du très sérieux TV Magazine, il a ainsi déclaré : « Cela fait plusieurs années que j'ai été nommé pour cette médaille, mais je n'avais ni le temps ni la personne adéquate pour me la remettre.». C’est sûr, « la personne adéquate » ne pouvait être que le président de la République. Ou Dieu. Car Gérard Holtz est un être supérieur. Un brin mégalomane, Gégé. Un brin.
Voyez-vous, Gérard Holtz me fait penser au vase de tante Gisèle qui trône sur un guéridon, dans un coin du salon. Il dépareille dans le décorum, mais on se sent obligé de le garder. Et de le regarder, accessoirement.
Alors, se sentant indéboulonnable, Gégé s’autorise quelques errements hasardeux, qu’il n’omet jamais de médiatiser: un jour il s’aventure dans les abîmes du théâtre classique, un autre il enfourche sa guitare et se la joue rock’n’roll. Il a aussi animé un jeu télévisé et même écrit son ô combien passionnante autobiographie. Et l’inventaire est loin d’être exhaustif.
Parce que Gérard peut tout faire, donc plus grand chose en définitive. C’est là, justement, que le bât blesse. À force de le voir se disperser, on en oublie que celui qui – et c’est un comble – se présente souvent en parangon d’humilité, est avant tout un journaliste sportif. Du moins il le fut exclusivement, à une époque que les moins âgés d’entre nous n’ont sans doute pas connue.
Justement, parlons jeunesse. Culture Sport est fait de jeunes apprentis-journalistes, passionnés puisque bénévoles et qui à terme, sait-on jamais, brandiront ostensiblement leur carte de presse comme d’autres affichent avec outrecuidance un ruban bleu à la boutonnière. Alors, à tous mes acolytes de la rédaction ainsi qu’à ceux qui ont pour dessein d’épouser la profession journalistique, je ne souhaite qu’une chose : qu’on ne vous décerne jamais le fameux insigne. Car ce serait marcher dans les pas de Gégé. Sus aux honneurs ! Et « Vive le sport », comme dirait l’autre.
Article et montage réalisés par Vincent Davayat
Gégé, l’ami malgré nous
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article