L'oeil de Francis Lafargue #2

Publié par Francis Lafargue sur 8 Juillet 2011, 11:16am

Catégories : #L'oeil de Francis Lafargue

Francis Lafargue est un ancien membre du staff de l’équipe Reynolds (1980-1989) devenue Banesto (1990-2003), Iles Baléares (2004-2006), Caisse d’Epargne (2007-2010) et maintenant Movistar (2011). Chargé de la communication avec la presse, il a vu passer de grands coureurs Espagnols et notamment gagné sept Tour de France. Un avec Pedro Delgado (1988), un second avec Oscar Pereiro Sio (2006) et cinq consécutifs avec Miguel Indurain (de 1991 et 1995). Il tiendra pendant ce Tour de France 2011 une rubrique appelée "L'oeil de Francis Lafargue".

Francis Lafargue aux côtés de Vladimir Karpets (maillot blanc du Tour 2004), Miguel Indurain (quintuple vainqueur de la Grande Boucle et de deux Giro) et Denis Menchov (lauréat du Giro 2009, de deux Vuelta et maillot blanc du Tour 2003), trois purs produits de la Banesto.

La Norvège a dû trembler et de manière plus sympathique qu’en Nouvelle Zélande cette semaine, avec le maillot jaune du champion du monde en titre Thor Hushovd et la superbe victoire du jeune prodige de 24 ans Edvald Boasson Hagen.

Le Luxembourg, autre petit territoire s’apprête aussi à vibrer ces jours-ci grâce aux inséparables frangins Schleck. Il est bien loin le temps où les luxembourgeois remportaient le Tour de France avec François Faber en 1909, Nicolas Frantz 1927-28 et Charly Gaul 1958 mais cette année cela reste dans le domaine du réalisable… si Contador craque.

Malchanceux en Vendée et beaucoup d’autres avec lui, le vainqueur sortant doit grignoter sa minute et demi de retard sur ses principaux rivaux, le décor est planté. La pluie n’a rien arrangé du côté du Mont Saint-Michel, de Livarot et de Lisieux. Tous mouillés et mal aux jambes, même Contador en personne. Rien de plus normal pourtant car à l’inverse d’un Sean Kelly qui adorait courir sous la pluie comme « l’ange qui aimait la pluie », surnom de Charly Gaul, l’espagnol préfère le soleil et la chaleur.

Aura-t-il récupéré de son Giro victorieux ? Je le pense car c’est d’un super champion qu’on parle. Mais c’est la question qui reviendra sur le tapis à la moindre défaillance. Avec tout le respect qu’on leur doit, John Gadret et Vasil Kyrienka autres protagonistes du Tour d’Italie n’ont pas digéré quant à eux les efforts consentis dans les cols des Dolomites et le dernier est même arrivé hors délais à Lisieux. C’est pourtant un vaillant, je peux vous l’assurer. Respect !

Les défaillances ne font que commencer et les prochaines étapes vont condamner les plus justes physiquement, les convalescents couverts de bandages et les gars à la gorge fragile. Il faut les encaisser ces changements climatiques en courant l’équivalent d’un marathon par jour… en avalant les vitamines C et E et les compléments alimentaires par voie orale. Plus de seringue alors bonjour l’estomac, quelle hérésie ! Mais je me perds car c’est un autre débat. Et puis j’oubliais la cryothérapie pour la récup, -130 degrés pendant quelques minutes après l’étape. Pas étonnant pour les angines…

Le Tour devenu plus humain et voilà que déjà les Pyrénées se profileront et comme d’habitude arbitreront les débats entre les costauds, relégueront les sprinters dans le « grupetto » qui terminera entre 30 et 40 minutes du vainqueur du jour, toujours dans les délais avec la précision d’un chronomètre Festina, et qui se pareront comme de coutume de la couleur orange, celle des basques, fidèles supporters d’Euskaltel-Euskadi.

Quelle nation va trembler cette fois sur la planète ? Les Kazakhs de Vino, toujours saignant, l’Australie de Cadel Evans qui me fait penser de plus en plus au belge Stan Ockers, pour les connaisseurs, ou encore l’Estonie de Taramae ?

Souhaitons qu’on guinche à en faire trembler les planches, le soir du 14 juillet pourquoi pas dans le Lot du côté de Bretenoux et Saint-Céré le pays de David Moncoutié qui grimpera en solitaire vers Luz-Ardiden, pour échapper aux chutes dans le peloton. Un Tour plus humain vous disais-je, en attendant la décisive troisième semaine.

On devrait y voir plus clair au sommet du difficile Plateau de Beille où les secondes se convertiront en minutes.

Article réalisé par Francis Lafargue l Image : DR

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