Coupe du Monde de rugby en Nouvelle-Zélande et Championnats du monde de cyclisme au Danemark, aucun rapport mis à part que les compétitions se déroulent en ce mois de septembre donc si vous zappez sur les chaînes de sport, difficile d’y échapper.
Vous tomberez bien sûr sur le fameux Haka, présenté en 3D sous toutes ses formes, chaque fois moins authentique, plus médiatisé et vous verrez surtout des armoires à glace tout de noir vêtues, qui à la fin de leur danse tirent une langue à vous donner des frissons avant le coup d’envoi.
Si j’ai eu la chance d’assister à la victoire historique des français en demi-finale à Twickenham en 99, j’ai par contre perdu un pari en 2007, avec une nouvelle victoire des français mais je retiens surtout ce cri de guerre et ces fameux All black, déjà un mythe dans ma jeunesse qui m’avaient marqué pour la première fois dans les années soixante, un de ces jeudis inoubliables où nos aînés prenaient l’après-midi pour assister au match de la décennie.
Le stade bayonnais de Saint Léon plein à craquer, avec son héros Jean Dauger connaisseur averti dans les tribunes et des recettes record à en faire pâlir le trésorier de la Fédération. Gavés de stars venues d’autres continents envahissant aujourd’hui le Top 14 pensez-donc, le public d’alors avide de beau jeu et de combat de guerriers et plutôt curieux de voir ces gaillards en chair et en os. Colin Meads , Lochore, Sid Going et Kirkpatrick contre une sélection du Sud-Ouest menée par un jeune demi de mêlée de Cognac encore méconnu Jacques Fouroux, ça avait de la gueule et laissait des traces indélébiles dans nos mémoires.
Et puis dans un autre registre, à Copenhague de « beaux bébés » ont aussi crevé l’écran lors des épreuves contre-la-montre cette semaine. Puissance et vélocité dégagées par ces jeunes coureurs, des juniors et moins de vingt-trois ans tous bâtis comme des troisième-lignes, véritables athlètes. Norvégiens, australiens, néo-zélandais, allemands mieux vaut les inviter au cinéma qu’au restaurant à ceux-là aussi.
L’élégant Spartacus (Cancellara) a terminé troisième chez les élites, c’est pour dire. Photogénique le Suisse. Par contre pas de tatouages chez ces champions de la pédale. On fait du vélo et on joue au rugby, nuance.
Protéines, muscu et entraînements : indispensable dans ces deux disciplines pourtant si différentes et souvent si proches à la fois. Saviez-vous que les Marconnet, Novès, Aguirre, Dintrans, Gabernet sont des pratiquants assidus de la petite reine ?
Mais revenons à nos beaux bébés qui roulent à cinquante à l’heure sur leurs engins de carbone ou qui plaquent à bout de bras du Springbok ou du rosbeef anglais. Hormis leurs capacités, travail et volonté Ils font tous partie d’une génération solide et bien (ou mal) nourrie. J’en veux pour preuve la taille d’un Jauzion, centre aussi grand que notre Benoît Dauga, l’ancien deuxième ligne montois.
Robic, « Petit biquet », le breton vainqueur du Tour 47, lui, s’en foutait des beaux bébés de l’époque, trop léger il lestait son bidon de plomb pour descendre plus vite l’Aubisque. Mal nourri puisque l’organisation utilisait encore les tickets de rationnement, ses compatriotes d’Armorique lui faisaient parvenir des produits frais durant ces trois semaines ce qui lui a peut être permis de ramener le maillot jaune au Parc des Princes.
Respect à tous nos « beaux bébés », blacks ou pas, champions du monde ou du chrono qu’ils fassent encore longtemps rêver les générations à venir comme l’ont fait si brillamment leurs prédécesseurs en mouillant le maillot.
Article réalisé par Francis Lafargue l Images : AFP