Pour clôturer comme il se doit la fin du Tour de France 2011, nous avons recueilli les réactions d’acteurs de la Grande Boucle. Ils sont tous passionnés mais ont vécu cette 98e d’une manière différente. Certains faisaient parti de la caravane publicitaire alors que d’autres ont regardé l’épreuve depuis chez eux voire d’un peu plus de l’intérieur.
Numéro 1 (déjà paru) l Numéro 3 et 4 (à venir)
Thibault, membre de la caravane publicitaire avec Cochonou : « On a une ambiance vraiment très particulière, très famille dans l’équipe »
« Je suis embarqué à bord de la 2CV limousine pour m’occuper du blog Cochonou qui raconte tous les jours les coulisses de l’évènement. Je prends donc des photos puis je mets en direct. Dans le compte-rendu de la journée on y retrouve les anecdotes, les rencontres marrantes et les photos de l’ambiance le tout avec un ton décalé. Chez Cochonou en a la caravane avec l’ambiance la plus sympa. Elle est vraiment unique car tout le monde se connaît à l’année. C’est la même équipe depuis cinq ans à peu près. On a donc une ambiance vraiment très particulière, très famille. Il faut dire aussi que la marque elle a la caravane avec les 2CV, le côté vichy, le côté super populaire Français, ça colle vachement bien avec le Tour. On est un peu le chouchou du public, c’est l’impression que ça nous donne. C’est un privilège de faire parti de cette équipe-là. Le fait de le faire en 2CV, ça a quelque chose aussi qui soude l’équipe. Je ne suis pas un expert en cyclisme, ni en Tour de France qu’on soit bien clair. Par contre j’ai bien évidement suivi ce Tour. J’ai l’impression que ça été une édition plutôt haletante, vraiment sympa à suivre. On se doutait tous que Voeckler n’irai pas à Paris avec son Maillot Jaune. C’est déjà une très bonne surprise de l’avoir vu en jaune aussi longtemps. Contador on se doutait aussi qu’après avoir fait le Giro, ça allait être compliqué de faire le doublé. Cadel Evans, a été le plus stratège et le plus malin. Le suspense est resté jusqu’au bout, ce que je trouve plutôt sympa. »
Lire son interview en intégralité (de nombreux bouts ont été coupés)
Chloé Lemarchand, rédactrice Culture Sport : « Les Alpes auront fait oublier l’escamotage des Pyrénées ! »
« Un Tour de France dont je me rappellerai. Voilà ce que je pense lorsque j’entends « Tour de France 2011 ».
Certes, je n’aurais fait QUE le départ à Dinan mais c’est déjà mieux que rien ! Et ça aura valu le coup ! J’ai découvert que la Bretagne était vraiment amoureuse du cyclisme. J’avais déjà fait des départs et des arrivées de Tour de France, d’autres courses, comme le Paris-Roubaix… mais je n’avais jamais vu une telle foule. A 100 mètres de la ligne de départ, les trottoirs étaient bondés de monde, il fallait se faire tout petit pour pouvoir passer et rejoindre le podium des signatures alors que les coureurs partaient dans plus de 2 heures ! Autant de monde pour les voir passer 2 secondes et les voir s’arrêter au loin ; c'est-à-dire ne rien voir. Mais s’ils viennent c’est aussi pour l’ambiance, la caravane, la convivialité… les valeurs du Tour de France. Ils sont amoureux du vélo, ont tous des âges différents et se mêlent avec eux des étrangers qui eux aussi profitent du spectacle. Parce que le spectacle ce jour là n’était pas les coureurs mais la foule, le public !
Sinon, ce Tour, je l’aurai vécu devant ma télé. Il aura été magnifique, même si les Alpes auront bien fait oublier l’escamotage des Pyrénées ! Cette troisième semaine, superbement dessinée, nous aurons régalés. Elle aura aussi permis de découvrir, pour ceux qui ne le savait pas encore, que Cadel Evans sait prendre des initiatives : la montée du col du Galibier et son train d’enfer le jeudi, la descente du même Galibier, telle une fusée, le vendredi.
Seul bémol sur ce Tour de France, le final pour le maillot vert. José Joaquin Rojas se sera tout d’abord vu déclassé d’un sprint intermédiaire en première semaine car il n’aurait pas gardé sa ligne – sanction tirée par les cheveux car il n’a gêné personne, c’est plutôt lui qui se fait gêner. Troisième semaine, il se bat en haut du Galibier pour arriver dans les temps et ne pas être éliminé, ce que ne fait pas Mark Cavendish qui ne perd QUE 20 points. Polémique. Le lendemain, on la tait, Rojas arrive aussi hors délai. Certes. Mais pensiez-vous qu’encore une fois Rojas allait se fatiguer pour un rien, gagner encore 20 points et s’épuiser pour le sprint sur les Champs ? Il a préféré se réserver pour le sprint du dimanche, qu’il n’aura pas pu disputer à cause d’un ennui mécanique. Alors pensez vous qu’un homme qui arrive 2 fois hors délai mérite un maillot distinctif vis-à-vis d’un homme comme Rojas, qui, je le rappelle, serait arrivé dans les délais à l’Alpe d’Huez si la veille Cavendish avait perdu le double de points, ce qui est plutôt légitime ?
Enfin, le sport est comme cela. C’est ce qui fait son histoire. En tout cas ce Tour fut sublime, excepté la pluie en première partie, mais on ne peut pas tout avoir. »
Francis Lafargue, consultant Culture Sport : « Cadel Evans, intelligent et gagneur a mérité sa victoire »
« J’ai donc suivi le Tour devant la télé comme jamais depuis 28 ans puisque pour raisons personnelles je n’étais pas sur la course cette fois. Quel suspense et surtout quel beau Tour des français en particulier. A souligner un parcours bien pensé avec le Galibier centenaire pour juge de paix final.
Au niveau général j’ai le sentiment que la course a semblé plus « humaine », sans domination exagérée d’un coureur, d’une équipe ou courue sur un rythme record. Je relativise par contre beaucoup cette dernière donnée connaissant par expérience le rôle important du vent notamment. De même les calculs et comparatifs concernant la montée de l’Alpe d’Huez faits par les pseudo-techniciens restent à mes yeux peu fiables. Il n’y a pas eu de course dans la montée du plateau de Beille par exemple. Première grossière erreur des Schleck d’ailleurs et Contador attaquant dès le début de la dernière étape alpestre (Télégraphe, Galibier) est certainement capable d’améliorer son temps d’ascension dans un autre contexte d’étape. On a vu aussi le peloton groupé passer le sommet de l’Aubisque. A quoi bon d’analyser ce fait puisque ce seront toujours les coureurs qui feront ou pas la course et non le parcours qu’on leur impose.
Cadel Evans, intelligent et gagneur a mérité sa victoire, Andy doit travailler son contre-la-montre et surtout revoir sa stratégie. Les français superbes comme Pierre Rolland et les Europcar devront confirmer et il faudra s’habituer avec les nouveaux noms, la relève : Jeannesson, Gallopin, Boasson Hagen, Coppel et j’en oublie. Pour terminer, à part Voeckler, je regrette le manque de caractère de certains leaders sur le Tour ainsi que de certains directeurs sportifs qui ont eux, parfois manqué de clairvoyance….Merci à tous et vive le Tour de France ! »
Fabien Dezé, rédacteur Culture Sport et stagiaire Planète Cyclisme pendant le Tour : « L’orgueil de Contador, le panache de Voeckler »
« Je n’ai pas peur de le dire, j’adore Alberto Contador. Mais à l’issue de la première étape, pris dans une chute, le triple vainqueur du Tour avait déjà perdu plus d’une minute sur les favoris. Rien d’irrémédiable, mais ce jour là j’avais déjà compris qu’il avait perdu le Tour. Ce grand champion invaincu depuis six grands tours allait enfin connaître la défaite. Si un champion est beau dans la victoire, il est souvent aussi sublime dans la défaite et en 2011 Contador a été magnifique. Mon premier souvenir de la Grande Boucle remonte à 1996, une étape dantesque vers les Arcs ou Indurain craquait … j’en avais la chair de poule même si à l’époque je ne me doutais pas encore de l’importance du moment, la fin d’un règne. 15 ans plus tard dans le Galibier, Alberto Contador a abandonné ses derniers espoirs de gagner un 4e Tour à 3 km du sommet. Vexé, le lendemain il se lançait dans un raid de folie sur les pentes du Télégraphe avant de coincer dans les derniers km de l’Alpe. La tête basse, il acceptait ce nouvel échec mais avec le sentiment d’avoir tout donné. Il était tombé les armes à la main comme Thomas Voeckler magnifique de courage pendant deux semaines. Maillot jaune sur les épaules, il a dépassé ses limites au point qu’on a longtemps pu espérer avoir enfin un successeur à Bernard Hinault. Ce tour restera également exceptionnel pour le talent de Gilbert plus que jamais numéro 1, la classe d’Hushovd vainqueur à deux reprises en arc en ciel, la puissance de Cavendish qui obtient avec le maillot vert un 20/20, l’audace d’Andy Schleck dans l’Izoard sans oublier la révélation Pierre Rolland. Au milieu de tout ça, Cadel Evans enfin vainqueur à 34 ans pouvait se targuer d’avoir gagner un tour de légende. Vivement 2012. »
Article réalisé et propos recueillis par Nicolas Gréno l Image : AFP