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Les favoris et les équipes du Tour par Patrick Chassé (partie 1/2)

Publié par Nicolas Gréno sur 2 Juillet 2011, 09:09am

Catégories : #Tour de France

Il y a une semaine, nous avons joint par téléphone le journaliste spécialisé Patrick Chassé, ancien commentateur du cyclisme sur Eurosport jusqu’à l’an passé, pour qu’il nous livre ses impressions sur les principaux favoris de ce Tour de France 2011 et décortiquer le leadership au sein de certaines équipes. Entretien.

Petite précision : L’interview étant assez longue, nous allons la couper en deux. Voici la première partie. Dans la seconde, nous aborderons avec Patrick Chassé, la Garmin-Cervelo avec ses deux leader Hesjedal et Vande Velde pour le général ainsi que ses deux sprinteurs Farrar et Hushovd favoris pour le maillot vert mais aussi du Team HTC-High Road, d'Omega Pharma Lotto et des coureurs Français.

 

 Alberto Contador 

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Culture Sport :
L’enchaînement Giro-Tour va-t-il être trop dur pour lui ?

Patrick Chassé : C’est ça le truc. On n’a pas vu quelqu’un qui était capable de le faire récemment. Le dernier qu’il l’a réalisé est malheureusement un coureur qui était toxique, Marco Pantani. J’ai longtemps écouté Richard Virenque qui connaît le cyclisme toxique et le cyclisme un peu moins toxique de ces dernières années et qui disait que justement avec les préparations actuelles, c'est-à-dire moins de dopage ou des doses de produits interdits moins fortes, il était pour lui impossible de faire le doublé. Après ce n’est que l’avis de Richard Virenque. D’autres coureurs et quelques anciens champions pensent sûrement le contraire.

 

J’ai l’impression que Contador a gagné avec une grande aisance le Tour d’Italie. C'est une évidence plutôt ! Il n’a jamais été mis en difficulté. Même si au Giro il n’y a pas un grand plateau redoutable. Le Tour de France, à ce niveau là, c’est d’un niveau beaucoup plus élevé. On peut donc espérer pour le spectacle que Contador ne soit pas aussi fort, aussi dominateur qu’il a été sur le Giro, face à son adversaire désigné qui est bien sûr Andy Schleck.

 

Même si je n’ai pas bien suivi le Tour de Suisse, je n’ai pas eu l’impression, après ce que j’ai lu et entendu, qu’Andy Schleck était encore au point. Mais bon, sur le Tour de Suisse et pour le Critérium du Dauphiné, il faut toujours analyser cela avec une certaine prudence, parce que qu’on ne sait pas les coureurs qui sont sur la réserve ou pas. Prenons pour exemple Ivan Basso. J’espère qu’il sera fort sur le Tour de France parce qu’il a préparé cette édition avec beaucoup de soin. Il est clair qu’il a fait le Dauphiné en retrait sans chercher à tester sa condition. Si il travaille il devrait être au top sur le Tour. Donc voilà, moi j’espère qu’il y aura un troisième larron que ce soit Basso ou un autre qui peut dynamiter la course et faire monter la sauce parce que bon Schleck c’est très bien mais on ne veut pas revivre le Tour de l’an passé.

 

Le Tour 2010 m’avait un peu déçu. Il avait bien commencé mais assez décevant au bilan. Parce que justement on avait l’impression que tout ce petit monde s’observait trop souvent, trop longtemps. C’est un peu l’un des maux du cyclisme actuel. Les coureurs tardent trop à ferrailler, à engager la bagarre, l’explication. Donc si il peut y avoir un acteur qui vient se glisser dans ce duel annoncé, ça serait pas mal.

 

 Cadel Evans 

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Culture Sport :
Cadel Evans, qui passe un peu plus à l’attaque qu’auparavant, peut venir dynamiter un peu la course ?

Patrick Chassé : Si, pourquoi pas ? J’ai l’impression que Cadel Evans a toujours, toujours, été en retrait par rapport à deux grands favoris du Tour et je ne vois pas pourquoi cette année il en sera autrement. Bon d’accord, Contador a fait le Giro, donc il sera peut être moins fort que l’année dernière, mais il a été tellement impressionnant sur le Giro, alors que l’an passé à la même époque il était moins fort (souvenez-vous du Dauphiné). Aujourd’hui, je me dis qu’un Cadel Evans, face à un Contador qui a déjà démontré pas mal de choses face à Andy Schleck (même un tout petit peu moins fort), aura quand même du mal à les menacer. Mais si c’est Evans je serai très content ! Pour le spectacle ça serait parfait… Un Cadel Evans, moi je suis preneur !

 

Culture Sport : Ce n’est sa dernière chance ? Il devient un peu vieillissant quand même.

Patrick Chassé : J’ai l’impression que sa dernière chance c’était l’année dernière ! Mais c’est vraiment la malchance qui lui a fait perdre toute illusion quand il est tombé. Malheureusement, pour eux, mais c’est ce qui fait la beauté du cyclisme, ce sont les « loosers magnifiques » (rires). Il y en a toujours eu. J’ai l’impression que Cadel Evans, malheureusement pour lui, en est un. Mais il aura toujours, ce qu’il le rend fort sympathique et attachant, cette malchance qui lui colle au cuissard. Il a toujours le petit grain de sable qui vient faire dérailler la belle mécanique. Alors que c’est un très bon coureur, c’est indéniable.

 

Culture Sport : Partons du principe que Contador ne soit pas au départ. Evans aurait-il pu inquiéter Schleck ainsi que les autres favoris et outsiders ?

Patrick Chassé : Je pensais que Contador n’aurait pas été au départ du Tour. Même s’il aurait été autorisé d’ailleurs. Mais visiblement, je me suis trompé. Il est clair que si (je prends peut être mes désirs pour des réalités) Contador n’avait pas été là, on aurait eu une course totalement différente. Parce qu’effectivement, Andy Schleck n’ayant jamais gagné de Grand Tour, ses adversaires n’ont donc aucun complexe à faire par rapport à lui. Ce qui n’est pas le cas par rapport à Contador, qui est invaincu depuis longtemps (Tour de France 2007, ndlr) sur les Grands Tours auxquels il participe. On est plus dans le registre psychologique. C'est-à-dire qu’Andy Schleck seul, en grand leader, en favori du Tour, aurait dominé l’épreuve et aurait écrasé la concurrence dès la première grande étape de montagne. On en sait rien. Mais en tous cas, dans la tête de ses adversaires, si Contador n’avait pas pris le départ, je pense que beaucoup auraient, justement, voulu mener la vie dure à Schleck et n’auraient eu aucune réserve pour le faire. Alors que Contador, c’est différent. Il est quand même connu, reconnu, redoutable, redouté et du coup on n’ose pas l’attaquer au premier coin du bois.

 

Culture Sport : Comme à l’époque Lance Armstrong ?

Patrick Chassé : Oui, un petit peu.

 

 Bradley Wiggins 

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Culture Sport :
A-t-il atteint son pic de forme un peu trop tôt, à l’image d’Alejandro Valverde en 2008 et 2009 quand il gagne, lui aussi, le Dauphiné ?

Patrick Chassé : Je crois que l’on ne peut pas comparer Valverde et Wiggins. Déjà ce sont deux coureurs totalement différents (leur morphologie, leur spécificité). Bradley Wiggins est un coureur qui, j’avoue, me laisse complètement perplexe et admiratif. Moi j’aime bien ce genre de coureur qui surprend. Je le comparerai à un coureur comme Greg LeMond. Je trouve que la comparaison est assez flatteuse, mais dans le sens que Wiggins est un cycliste complètement décomplexé. Et ça c’est bien. C’est assez anglo-saxon d’ailleurs comme caractéristique. « Impossible n’est pas Français » dit-on, moi je crois plutôt que c’est les anglo-saxons qui disent que rien n’est impossible.

 

Pour Wiggins, il ne faut jamais renier ses aptitudes premières. La sienne, c’est d’être excellent contre-la-montre. Il l’est toujours mais malheureusement, dans le Tour de France, la part des chronos est devenue, dans le temps, est moins importante. On offre de moins en moins de kilomètres chronométrés aux coureurs de la Grande Boucle. Ca ne joue donc pas en sa faveur. La situation est la même depuis deux voire trois ans, voire plus depuis l’arrivée de Christian Prudhomme (à la direction de l’épreuve, ndlr). Je pense même que dans les ultimes années de Jean-Marie Leblanc, on commençait déjà à réduire le kilométrage dans les chronos. Ca n’a eu de cesse de s’accélérer ces derniers temps. Les chronos sont réduits dans leur portion la plus congrue.

 

 Team RadioShack 

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Culture Sport :
La formation Américaine dénombre quatre leaders (Klöden, Leipheimer, Brajkovic, Horner). Brajkovic et Horner ne vont pas jouer la gagne alors que Klöden et Leipheimer peuvent y penser. Entre eux deux, vous choisissez qui comme leader ?

Patrick Chassé : Entre Leipheimer et Klöden ? Moi je choisi Brajkovic ! Leipheimer et Klöden sont de très bons coureurs, mais je serais étonné, qu’à plus de trente-cinq, ils puissent jouer la victoire finale.

 

Culture Sport : Brajkovic peut viser, non pas un Maillot Jaune, mais un podium ou un top cinq ?

Patrick Chassé : Oui oui, un top cinq. Mais il ne le dira jamais, bien évidement. Je pense que c’est un très très bon coureur, dont on ne parle pas beaucoup en France je trouve. Il faut dire qu’il est assez discret. Mais lui aussi a préparé le Tour, avec Alain Gallopin (directeur sportif, ndlr) notamment, qui s’occupe de lui. Je suis un peu sous influence, très certainement, de toutes les belles choses que raconte Alain Gallopin sur Brajkovic. Mais on peut quand même faire confiance à « Gallo », parce qu’il a vu passer entre ses pattes quelques bons coureurs (Armstrong, Ullrich et les frères Schleck entres autres, ndlr) !

 

Culture Sport : Ils peuvent viser le classement par équipes ?

Patrick Chassé : Tant mieux si ils y arrivent. L’équipe RadioShack doit à mon avis, je n’ai pas fait le calcul, mais doit « péter » les scores en ce qui concerne la moyenne d’âge (Klöden 35 ans, Leipheimer 37 et Horner 39, ndlr). Derrière ceux que l’on va avoir autour de ces quatre coureurs protégés ne sont pas tous jeunes non plus.

 

Culture Sport : Haimar Zubeldia et Yaroslav Popovych, qui ont eux aussi réalisé un top dix (l’Espagnol deux fois, l’Ukrainien une fois), peuvent également aider en cas de défaillance d’un des trois leader…

Patrick Chassé : Oui, mais Popovych n’est plus encore un très bon coureur. En revanche, un mot sur la formation RadioShack, mais c’est une très bonne et belle équipe. Le problème c’est que Johan Bruyneel n’a jamais vraiment couru avec une équipe où il avait comme cela un vrai leader. Bon il y avait eu une année (2006) où il avait désigné Popovych en leader.

 

Culture Sport : Il avait gagné sa petite étape (à Carcassonne) après…

Patrick Chassé : Voilà quoi. Il n’a jamais eu réellement l’équipe et la méthode stratégique de jouer un rôle de « dynamiteros » avec plusieurs leaders, avec des francs-tireurs. Enfin là il a l’équipe idéale pour le faire. Donc on fera comment ils le feront ! C’est vrai que lorsque l’on a autant de bons coureurs, il faut y aller ! En plus, il faut le reconnaître, il y a une chose qu’ils réalisent assez bien les RadioShack, ce sont les bordures. Ils se font rarement piéger. On se souvient d’une étape sur le Tour, sur les routes de la Grande-Motte en 2009, où ils n’étaient pas seuls, mais ils avaient tenter quelque chose, récolté des miettes, mais c’était quand même assez sympa. Ils avaient même laissé Contador derrière (à l’époque l’Espagnol se retrouvait dans la même ossature que maintenant dans l’équipe Astana, ndlr).

 

Nous remercions sincèrement Patrick Chassé qui s’est prêté au jeu de l’interview avec gentillesse.

 

Propos recueillis par Nicolas Gréno l Images : Sirotti/Roberto Bettini

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