Roland Garros - Huitièmes de finale - Promenades et combats !

Publié par Gwendal Le Priellec sur 30 Mai 2011, 23:14pm

1/8^ème de finale. Avec 16 matchs au programme, les spectateurs pouvaient être ravis, d’autant plus que les principaux favoris pour le titre étaient encore en lice, tout comme 3 français, avec la présence de Monfils, Gasquet et Simon. Comme l’indique le titre, nous avons au cours de ces 8^ème de finale 2 types de match. Ils ont pour l’un accouché d’un combat intense, dépassant aisément les 4 heures de jeu et de lutte, et pour l’autre une promenade de santé, permettant de plus au joueurs concernés d’économiser de l’énergie pour les matchs à venir.

Au rang des promenades, 4 matchs se détachent : 3 plus évidentes, 1 qui a mis plus de temps à se dessiner.

Commençons ainsi par Novak Djokovic. Opposé au français Richard Gasquet, la confrontation opposait deux styles de jeu différents, et l’opposition semblait plus grande pour le Serbe que lors de ses matchs précédents. Oui mais voila… Le Djoker, 40 victoires consécutives au compteur, est en très grande forme. Déséquilibré sur le papier, la rencontre fut également déséquilibrée sur le terrain. Gasquet, qui a pourtant joué crânement sa chance, n’a rien pu faire sous la puissance du Serbe. Défait en 3 sets et 1h47 de jeu, l’addition est lourde, malgré une belle résistance. Djokovic enchaîne donc ainsi sa 41^ème victoire de suite, étant désormais à 1 unité du record détenu par McEnroe.

Réactions :

Djokovic : « Le résultat ne reflète pas la physionomie du match. Au cours des deux premiers sets, je n'ai fait qu'un seul break. Nous remportions assez facilement nos jeux de service, et j'ai très bien retourné. J'avais bien conscience que c'était un match important. Je savais qu'il allait être soutenu par le public. Donc pour moi, il s'agissait d'être encore plus concentré. Je suis monté en puissance aujourd'hui par rapport au match précédent. Je veux garder le rythme. Richard s'est amélioré. Son approche psychologique et mentale est meilleure. Il a vraiment le sentiment qu'il peut remporter des matches car il est en confiance. Maintenant, il est très régulier dans son jeu. S'il continue de la sorte, je pense qu'il rejoindra le top 10, il en a toutes les qualités ».

Gasquet : « Il joue vite, tape à plat, te met sous pression avec ses retours. Je n'avais pas le temps de m'organiser, même en revers. Le court est très rapide, avec des balles qui giclent beaucoup. Il a un retour monstrueux, sert très bien, joue tôt. Aujourd'hui, il n'a aucun point faible. En plus, j'avais un peu moins de jus qu'il y a deux jours. J'avais laissé un peu d'énergie sur mes deux derniers matches. Il te laisse très peu de temps pour t'organiser. (…) Je suis en 8es de finale, je bats trois bons joueurs, je me suis régalé à chaque fois, notamment avec le public, et tennistiquement je n'ai fait que des trucs intéressants. C'est bien pour la suite ».

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Djokovic contrôle

De même, Roger Federer, dans une confrontation 100 % helvétique face à Wawrinka, n’a connu aucun problème pour se hisser en quarts de finale. En dix confrontations face à Federer, Wawrinka ne l’avait emporté qu’à une seule reprise. L’avantage psychologique était donc clairement du côté de Federer. Déroulant son jeu, Wawrinka ne pouvait rien faire, ou faisait tout moins bien que son aîné. La correction n’a donc pas tardé, Federer l’emportant en 3 sets, 1h46 de jeu, et n’a ainsi toujours pas concédé le moindre set du tournoi. En habitué qu’il est, le vainqueur de l’édition 2009 se qualifie ainsi pour son 28^ème quart de finale de suite en Grand Chelem.

Réactions :

Federer : « J'ai très bien joué lors des deux premiers sets, puis c'est devenu plus serré, pour finir un peu à l'arrache. (…) Un 28e quart de finale d'affilée, c'est magnifique, mais ça ne fait pas encore gagner le tournoi. Néanmoins, ça donne 28 fois plus de chances d'aller plus loin ! Je suis très fier de l'avoir accompli, sourit le Suisse. J'espère pouvoir aller plus loin que l'année dernière (quart de finaliste, ndlr), mais après on verra la suite ».

Wawrinka : « Aujourd'hui, ce n'est pas dans la tête que cela se joue, mais sur le terrain. On se connaît très bien. Il a toujours trouvé les solutions. Aujourd'hui, j'ai l'impression de ne pas faire un mauvais match. A un moment donné, je me sentais très bien, je jouais très bien, mais cela n'a pas suffi. Au troisième set, j'ai de petites ouvertures, si j'arrive à mieux servir, à tenir mon break, on ne sait jamais ce qu'il se passe, mais ce n'était pas suffisant ».

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Federer n'a toujours pas perdu le moindre set

Quant à Robin Soderling, double finaliste Porte d’Auteuil, son opposition face à Gilles Simon n’a pas traîné non plus. 11 jeux, voila ce qu’a concédé le Suédois, apparemment pressé d’en finir. Malgré une opposition plus virulente au 3^ème set, arraché au tie-break, Soderling n’a pas été inquiété au cours des 2 premiers sets et remporte donc une victoire tout à fait logique. Le Suédois, qui n’a pas perdu contre moins bien classé que lui depuis 3 ans, se qualifie ainsi tranquillement en quarts de finale de l’épreuve.

Réactions :

Soderling : « J'ai produit un excellent tennis pendant les deux premiers sets, mais c'est difficile de maintenir ce niveau tout au long du match. J'ai un peu perdu ma concentration dans le troisième set, j'étais un peu trop sûr de gagner, je me suis trop relâché. Mais j'ai chaque fois bien joué ici, sur la terre battue ou à Bercy. Chaque fois qu'on vient en France, on sent que le tennis est un sport très important. C'est un public de connaisseurs. J'ai des très bons souvenirs des tournois joués ici. Maintenant, je vais me concentrer sur moi-même et jouer un bon match ».

Simon : « J'ai la sensation qu'il n'y a rien à faire au début du match et je suis déçu à la fin de ne pas être allé chercher ce troisième set pour voir un peu plus loin. Dans la troisième manche, je ne reviens pas parce que je joue mieux. C'est lui qui baisse enfin. Au début, il est sur une cadence très difficile à tenir. (…) Quand je joue contre un adversaire de 1,90 m et 90 kgs qui ne m'envoie que des missiles, je ne peux pas faire grand-chose tant qu'il a toute sa lucidité, son énergie et son physique. Quand l'horloge tourne et qu'on atteint les deux heures de jeu, il peut payer toute cette puissance. J'essaie de faire durer, le faire travailler, lui rendre chaque jeu le plus difficile possible. On attend que l'orage passe en essayant de garder une bonne attitude ».

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Soderling déroule

Rafael Nadal, enfin, a peiné dans le jeu, mais cela ne s’est pas reflété pas au niveau du tableau d’affichage. Impressionnant par moments (on aurait cru retrouver le Nadal de l’an passé sur certains jeux, assommant son adversaire de coups droits et défendant toujours aussi bien), il reste néanmoins en deca, brillant par son irrégularité et son trop grand relâchement. En 2h26 de jeu, Nadal a su se faire violence pour ne pas concéder de set et passer rapidement ce tour. En manque de contrôle dans la 1^ère manche, il a néanmoins été beaucoup plus conquérant dans les 2 derniers sets, ce qui lui a permis d’empocher la victoire. Bien aidé par sa 1^ère balle (68% contre 51% pour Ljubicic), Nadal commet cependant trop de fautes directes (24 au total) pour pouvoir réellement hisser son niveau de jeu. Il lui reste 2 jours pour peaufiner cela, avant son opposition (tant attendue) face à Soderling, qui reste le seul joueur à l’avoir battu à Roland.

Réactions :

Nadal : « C'est un très bon résultat, dans des conditions difficiles et face à un adversaire qui ne donne pas beaucoup de rythme. Mais je dois encore améliorer ma position sur le court et vraiment plus rentrer dedans. Je dois aussi mettre plus de conviction dans mes frappes. Aujourd'hui, j'ai réalisé de beaux points mais tout de suite suivis de très mauvais. C'est mon problème en ce moment. Il faut que je retrouve de la régularité. (…) Maintenant, il faut être réaliste : je ne joue pas suffisamment bien aujourd'hui pour prétendre gagner le tournoi. Je vais essayer d'atteindre le niveau suffisant pour le faire évidemment. Je sens en plus que je ne suis pas si loin. Le prochain match sera donc très important. (…) Je n'ai perdu que face à lui (Djokovic, ndlr) cette saison sur terre battue, il y a un joueur meilleur que moi en ce moment mais je suis encore n°1 mondial pour une semaine de plus et je reste dans une bonne position pour finir la saison dans les premiers mondiaux. Si je perds le prochain match, tout ce que cela voudra dire c'est que le lendemain je commencerai la préparation pour la saison sur gazon ».

Ljubicic : « Ce n'était pas un mauvais match de ma part. Mais mon service n'a pas bien fonctionné. Et sans service, c'est dur contre n'importe qui. Contre "Rafa", c'est carrément impossible. J'ai eu ma chance à 5-4, 30-30 au premier set. J'ai eu le sentiment qu'il était sous pression. Mais il a bien joué à ce moment-là. Ensuite, il a élevé son niveau de jeu ».

Nadal ne pratique pas son meilleur tennis cette année

Passons désormais au matchs marathons de ces 1/8^ème de finale. 3 combats sont arrivés à terme, 1 dernier, celui opposant Murray à Troicki a été interrompu par la nuit et se terminera demain. Pour l’instant, le score est de 2 sets partout alors que Troicki menait par 2 sets a rien, face à un Murray hors de son match, sans doute gêné par sa cheville gauche et son entorse. Mais passons sans plus tarder aux autres combats.

Le duel qui aura le plus marqué les esprits est sans doute la rencontre mettant aux prises l’Italien Fognini à l’espagnol Montanes. Le tournant du match est à 6-4, 4-6, 6-3, 3-6, 7-6 (15-30) en faveur de Montanes. Sur un service anodin, Fognini se blesse à un genou. Ne pouvant plus tenir sur sa jambe, on pense alors à l’abandon. Mais il n’en est rien. En effet, choisissant de poursuivre le match, sur une jambe, la cuisse gauche entièrement bandée, l’Italien montre une force de caractère redoutable. A l’agonie, il tente le coup gagnant sur chaque frappe, voulant à tout prix conclure l’échange au plus vite. Il parvient même, déjouant alors tous les pronostics, à remporter le match face à Montanes désabusé, qui s’est procuré pas moins de 5 balles de matchs dans ce 5^ème set, toutes sauvées brillement par Fognini. Après avoir joué le match le plus court du tournoi (1h09 face au français Robert), il remporte là le match le plus long au bout de 4h24 de jeu, 11 jeux à 9 dans le dernier set. Néanmoins, après plusieurs examens complémentaires passés à la suite du match, Fognini n’est pas en état de jouer son quart de finale, qui devait l’opposer à Djokovic. Le Serbe est donc directement qualifié pour les demi-finales, bénéficiant de 4 jours de repos consécutifs.

Réactions :

Fognini : « Ca a été très dur, il fallait s'accrocher et y croire, a-t-il commenté. Au début je pensais que je souffrais de crampes. Mais ce n'étaient pas que des crampes. Je ne sais pas exactement ce que c'est (…) J'étais obligé de jouer le quitte ou double à chaque point. J'aurais dû perdre ce match mais le tennis est un sport de fou, a-t-il soufflé. C'était déjà quelque chose l'année dernière sur le Central face à Gaël (Monfils, ndlr), mais ce qui s'est passé aujourd'hui est encore plus dingue ». Puis suite à son abandon : « Mon équipe et le médecin m'ont conseillé de ne pas jouer car cela pouvait avoir des conséquences plus graves. C'est triste, mais c'est la meilleure solution. (…) C'est très difficile à accepter car je jouais le meilleur tournoi de ma carrière et que j'allais affronter Novak Djokovic en quarts. Hier j'ai réalisé un match incroyable et j'étais tellement heureux. Sauf qu'ensuite j'en ai pleuré de douleur. Les examens passés ce matin ont confirmé que je ne pouvais plus jouer ».

Montanes : « Je n'ai rien à me reprocher. C'est toujours facile de dire après qu'il fallait faire ceci ou cela (…) Ce que je vais dire à Fognini ? Je vais le féliciter. Qu’est ce que vous voulez ? Que je lui tape dessus ? »

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Fognini au forceps

Autre match intensément passionnant : celui opposant Monfils, dernier rescapé français en lice, à Ferrer, redoutable terrien. Dans un match épuisant, véritable combat physique durant 4 heures et 7 minutes, le spectacle est au rendez-vous, tout comme le suspense. Tout cela grâce à 2 joueurs aimant les émotions fortes. Tout avait parfaitement commencé pour le français, menant rapidement 6 jeux à 4. Mais Ferrer ne cède pas comme cela et son engagement est sans limite, ce qui lui vaut de recoller immédiatement. Le combat perdurant, l’intensité n’avait de cesse d’augmenter, et avec elle la pression et le suspense. De plus, pour en rajouter une couche, le match a été interrompu par la nuit, à 2 sets à 1 en faveur de Monfils, mais un break de retard dans la 4^ème manche. La suite de la rencontre n’allait être que folie. Face à combattant du calibre de Ferrer, Monfils a su trouver les ressources nécessaires pour triompher de l’espagnol au bout du 5^ème set, ayant auparavant sauvé 1 balle de break, et ce malgré 3 balles de match précédemment manquées. Le Monfils édition 2008 était de retour, pour le plus grand plaisir des spectateurs venus en nombre. Plus qu’un combat physique, le combat a surtout été d’ordre mental entre les 2 hommes, de niveau similaire. A ce jeu là, chaque point est un combat de haute facture. Et au terme de plus de 4 heures de jeu, le Français peut savourer cette victoire qu’il est allé chercher au forceps. Il retrouvera Federer pour un place dans le dernier carré.

Réactions :

Monfils : « Ça n'a rien à voir avec mes premiers matchs, je monte en puissance. (…) C'était un peu dur, un peu brouillon. J'ai essayé de me "focus" sur les points les uns après les autres, d'être beaucoup plus agressif. David est un guerrier hors pair, sur les balles de match, il a bien tenu. (…) Je suis un peu fatigué. Mais c'est toujours pareil, à partir du moment où on arrive à Roland Garros qui est un endroit mythique, fatigue ou pas, blessure ou pas, on ne calcule plus. Je suis un peu mort, j'ai des courbatures mais je vais jouer ma vie demain (mardi contre Federer, ndlr) encore sur le terrain et on verra bien. (…) On ne parle pas beaucoup de Roger, mais il déchire quand même tous ses adversaires depuis le début du tournoi. Cela va être encore un match dur et peut-être même plus dur que ceux que j'ai eus par le passé avec lui »

Monfils peut laisser éclater sa joie après son match fou

Dernier affrontement enfin, entre deux joueurs que l’on attendait pas à ce niveau de la compétition, à savoir Chela, 34^ème mondial, et le qualifié Falla, 120^ème mondial. Il aura ici fallu 5 sets et 3h55 de jeu pour séparer les 2 hommes. Et le vainqueur de l’opposition n’est autre que Chela, déjà quart de finaliste ici-même en 2004. Il n’avait depuis remporté à Paris que quatre matchs en 6 participations. En revanche, Falla décroche lui son meilleur résultat à Paris. Pour son prochains match, Chela sera opposé au vainqueur du match opposant Murray à Troicki.

Réactions :

Chela : « Je pense que mon expérience a beaucoup pesé dans la balance, comme mon physique. Je me sens très heureux et très fier de me retrouver en quarts de finale, à 32 ans et dans un tournoi aussi difficile et aussi physique, en 5 sets ».