Chaque semaine, un membre de l'équipe Culture Sport vous fait partager une image de sport ayant marqué sa vie ou lui ayant procuré une forte émotion en vous rappelant le contexte de l'image ainsi qu'en y laissant son ressenti. Aujourd’hui, Etienne se souvient du GP de Singapour 2008 où s'est déroulé le plus grand scandale automobile de ces dernières années...
28 septembre 2008 : Lors du Grand Prix de Singapour, Nelsinho Piquet, alors deuxième pilote Renault, heurte volontairement le mur pour provoquer l'intervention de la voiture de sécurité et ainsi favoriser la remontée et la victoire de son coéquipier Fernando Alonso. Mais ça, on ne le saura qu'un an plus tard.
Car pendant le Grand Prix, l'événement paraît anodin. Un accident comme un autre, surtout venant de la part de Nelsinho Piquet, habitué à détruire les monoplaces françaises. Un coup du sort, puisque Fernando Alonso était le seul pilote à avoir déjà ravitaillé. Le temps de dégager l'épave, la voiture de sécurité intervient. Roulant à basse vitesse, elle permet à Nando de revenir sur le peloton. Puis de le dépasser lorsqu'un à un, les pilotes rentrent aux stands. L'affaire est belle pour le double champion du monde espagnol. Un peu trop, même. En y repensant, je revoyais l'image de Piquet qui se projetait vers le mur lors du tour de chauffe. Simple coïncidence, me dis-je. Et puis, les commissaires n'ont rien dit en voyant la manœuvre. Mais cela est trop beau pour être vrai. Surtout que tout le paddock savait que Nelsinho devait être remercié par son écurie avant le GP. Louche...
Juillet 2009. Piquet sait que le GP de Hongrie est son dernier. Son père et lui décident de déposer sur le GP de Singapour auprès de la FIA. Il révèle que son accident n'en était pas un. Le mois suivant, Flavio Briatore, directeur général de Renault F1 Team, et Pat Symonds, responsable de l'ingénierie, sont entendus par les enquêteurs. Peu convaincants, ils tentent de retourner la situation en annonçant une action en justice contre Piquet SR & JR pour « dénonciation calomnieuse » et « tentative de chantage ». En vain. Début septembre, Renault coupe ses têtes et vire Briatore et Symonds. Le même mois, la FIA délibère sur les sanctions à adopter. Elle rendra le verdict suivant : Sont épargnés : Fernando Alonso, qui n'a joué aucun rôle dans le scandale ; et Nelsinho Piquet, auteur de l'accident mais bénéficiant de l'immunité liée à ses aveux. Est ménagé : Renault F1 Team. Pour avoir sanctionné les coupables en interne, la peine est réduite et l'écurie est sanctionnée par une radiation à vie de la F1 avec une période probatoire de 2 ans. Sont punis : Flavio Briatore, instigateur de l'accident, qui écope d'un bannissement à vie de toute activité dans le sport auto (peine réduite quelques mois plus tard...) ; et Pat Symonds, instigateur lui aussi de l'accident, qui écope de 5 ans d'interdiction de toute activité dans le sport auto.
Inutile de vous dire que je ne veux plus jamais revivre cela...
Article réalisé par : Etienne Escuer l Image : cryonie