Pour clôturer comme il se doit la fin du Tour de France 2011, nous avons recueilli les réactions d’acteurs de la Grande Boucle. Ils sont tous passionnés mais ont vécu cette 98e d’une manière différente. Certains faisaient parti de la caravane publicitaire alors que d’autres ont regardé l’épreuve depuis chez eux voire d’un peu plus de l’intérieur.
Numéro 2 l Numéro 3 et 4 (à venir)
Emilie Drouet, rédactrice Culture Sport : « Le long raid en solitaire de Schleck, voilà une image que je retiens »
« Il y a des événements que l’on n’aimerait manquer sous aucun prétexte. Le Tour de France, trois semaines de magie. Finis les tracas, place au sport et aux rebondissements en pagaille. C’est ce que je ressens chaque année, un moment de bonheur que seul le Tour peut m’offrir. Avec son tracé attractif, je peux dire que je ne me suis pas ennuyé en ce mois de juillet. Des guerriers, souvent les même à l’avant, n’ont pas manqué de faire le spectacle dont Jérémy Roy qui montre encore une fois qu’il est un sacré coureur. La montagne, par ses décors m’ont encore réjouis, mais il aura fallu attendre les Alpes pour voir LA bagarre. Le long raid en solitaire de Schleck, voilà une image que je retiens de ce Tour et tellement d’autres encore.
Mon souvenir personnel le plus marquant restera Lisieux et Le Mans où je me suis rendu. A l’arrivée à Lisieux, profiter de l’ambiance, découvrir cet immense village éphémère et cette foule réunie pour vivre un moment convivial. J’ai même eu la chance de découvrir l’envers du décor et précisément le camion France Télévisions. Découvrir Adam et Jalabert en plein travail, c’est très intéressant. Au Mans, pour le départ, c’était le village qui m’attendait, ce que je n’avais vu qu’à la télévision auparavant, je l’ai vécu en vrai. Très agréable aussi avant de voir arriver tous les coureurs que j’ai pu prendre en photo un par un et satisfaire ma passion pour le cyclisme et la photographie. Le Tour, c’est quelque chose d’unique, celui-ci est terminé, vivement l’an prochain ! »
Damien Conseil, membre de la caravane publicitaire avec Cochonou : « La caravane c'est avant tout une très grosse aventure humaine »
« Déjà sur l'aspect sportif, le peu que j'ai pu suivre, vu que nous ne sommes pas en relation avec la course, c'est que c'était une édition qui renouait avec l'histoire du Tour. A savoir du suspense jusqu'à la fin, des attaques et contre attaques, et surtout un français placé jusqu'à la fin (Thomas Voeckler, ndlr) qui faisait le show et qui avait l'unanimité du public. Il y avait du monde sur les bords de route, une ambiance de fou et un enthousiasme hors du commun malgré le temps maussade. On a également pu voir des chutes et le courage de la part des sportifs pour remonter sur le vélo et terminer l'étape ! Un vrai Tour quoi ! Il n’y a surtout pas eu d'histoires salles. Les mecs étaient hors d'haleine aux arrivées et obligés de se coucher ou de s'asseoir pour reprendre leur souffle.... Chose qu'on n'avait plus revu depuis un certain temps.
Sinon pour moi dans la caravane, le Tour c'est avant tout une très grosse aventure humaine et une grosse parenthèse dans la vie de tous les jours ! Je suis donc chauffeur de la limousine Cochonou dans laquelle nous invitons des journalistes télé radio, presse ou blog, ainsi que des gagnants de divers concours organisés par la marque. Mais surtout cette caravane Cochonou c'est 3500 kilomètres de sourires, d'émotion, de rires mais aussi de petites galères qui sont très très vite oubliées et noyées dans l'euphorie du Tour. »
Jérémy Bazin, rédacteur Culture Sport : « Durant trois semaines, on se sera régalé »
« Ce Tour de France 2011 restera comme un très grand cru. Depuis bien longtemps, trop longtemps, on n’avait plus vu les leaders s’attaquer, tenter des coups de force loin de l’arrivée, même si finalement tout se sera joué dans le dernier chrono. Cadel Evans aura su prendre ses responsabilités dans le Galibier pour garder tout espoir de victoire finale. Un succès finalement acquis facilement autour de Grenoble aux dépens d’Andy Schleck. Autre nouveauté, Alberto Contador a craqué. Certains avancent l’explication de la fatigue suite au Giro, pourtant sa longue chevauchée dans la dernière étape de montagne sur ce Tour montre que l’Espagnol avait une certaine fraîcheur sur la fin de Tour. En 2011 on aura aussi eu le retour des Français sur le devant de la scène. Non plus pour les étapes, mais bien pour le général. Longtemps leader, Thomas Voeckler aura craqué vers l’Alpe d’Huez. Pierre Rolland, vainqueur à l’Alpe d’Huez aura ramené le maillot blanc à Paris. Péraud, Coppel et Jeannesson sont aussi entrés dans le top 15. Cinq coureurs tricolores dans les quinze meilleurs, ce n’était plus arrivé depuis 1991. On retiendra aussi la victoire de Cavendish au classement par points, et celle d’un pur grimpeur au classement de la montagne, Samuel Sanchez. Durant trois semaines, on se sera régalé. Vivement le 30 juin 2012 ! »
Yann Maillet, rédacteur en chef de Roller Hockey and Fun : « Un retour à la normale ? »
« Que doit-on retenir de ce Tour de France 2011 ? Sans doute qu’un Français a enfin su se hisser parmi les meilleurs, et pas seulement pour l’étape habituelle du 14 juillet. Thomas Voeckler a été le grand bonhomme de cette Grande Boucle. Mais si un Français est rentré –et resté– dans le cercle fermé des coureurs de pointe, est-ce dû à son implication personnelle, à son travail, à sa hargne ou est-ce un signe que le peloton ou du moins ses cadors, vont moins vite ?
On ne va pas cacher que les défaillances successives d’Alberto Contador et des frères Schleck ont quelque chose de rassurant. Terminé le temps où Marco Pantani décollait comme la fusée Ariane, exit le temps où Rasmussen assassinait la concurrence à Morzine après avoir avalé la trompette la veille, oublié les exploits aigre-douce d’un Armstrong douteux. Voeckler lui-même a connu son jour sans, au plus mauvais moment mais ça aussi, c’est rassurant.
Et d’ailleurs, profitons de cette tribune pour adresser le seul carton rouge qui mérite à ce jour d’être sorti. Aux organisateurs de cette grande boucle. Comment en trois jours peut-on envisager de se « goinfrer » le Lautaret, le Télégraphe, le Galibier par deux fois, l’Izoard et les vingt-et-un lacets de l’Alpe d’Huez, le juge de paix du Tour de France ? Alors oui, ces étapes ont été magnifiques et palpitantes à suivre. Mais lorsque les coureurs ont découvert ce tracé, les plus vils d’entre eux ont sans doute eu envie d’aller faire une bise au bon docteur espagnol. Ce genre de tracé est déraisonnable car il met les coureurs dans la position de se demander si le recours au dopage ne va pas s’avérer plus ou moins nécessaire. Mais bref, pour le moment, rien de grave n’est sorti alors tant mieux. Mais si courant août ou plus tard on devait apprendre qu’untel ou untel est chargé, on ne devra pas s’étonner… Malheureusement.
Allez, un dernier clin d’œil, Thor Hushovd, sprinteur hors pair qui s’impose dans les premières étapes pyrénéennes et alpines, ça nous a fait sourire. Cavendish et Cancellara, largués comme jamais dans le Galibier et repêchés, ça nous a emmerdé car pourquoi mettre une limite d’arrivée si on ne s’y tient pas ? Voir Cadel Evans en jaune a semblé être une forme de logique, et une belle récompense pour ce besogneux. Quid d’un Andy Schleck qui commence à se « Poulidoriser » ? Et enfin, voir Pierre Rolland couper la ligne de l’Alpe en premier et se parer de blanc sur les Champs, on a trouvé ça chouette. »
Article réalisé et propos recueillis par Nicolas Gréno l Image : AFP