La Vuelta, course par excellence des espagnols a vu son histoire passer au tricolore en 1995. Un français a dominé la course et même la saison. Un an plus tôt, il était encore catalogué sprinteur. Mais parfois, il existe des tournants dans une carrière, comme pour Laurent Jalabert où 1995 lui ouvre de nouveaux horizons et lui offre des podiums prestigieux.
Alors que les podiums 92 à 94 sont trustés par les helvétiques, on imagine bien un suisse s’imposer à nouveau ou alors un espagnol soulever le graal à domicile. Mais ça ne s’est pas déroulé comme cela. Avant le départ, Laurent Jalabert était le favori de chaque course dont il prenait le départ, lui qui un an plus tôt abandonnait sur le Tour de France, à Armentières, théâtre d’une chute spectaculaire. Allait-il aussi être impérial sur la Vuelta après une saison déjà réussie ? Pour la 50eme édition du Tour d’Espagne, l’innovation était la date de départ, pour la première fois, la Vuelta s’élançait en septembre, le 2 précisément de Saragosse. 7km de contre-la-montre pour commencer et c’est un spécialiste qui s’est imposé. Abraham Olano devient le premier maillot de oro. Mais la domination Jalabert n’aura pas tardé, dès la troisième étape, il gagne à Alto de Naranco, là où chaque année à lieu le final de la semi classique Subida al Naranco. Les forces étaient encore là, allait-il continuer son festival ?
A Salamanque, le plus véloce sur les 41 kms était encore Olano, l’espagnol est un sacré candidat pour la victoire finale. Juste après, deuxième victoire d’étape aussi pour le français Jalabert à Avila, la ville médiévale entourée de sa muraille. Comme à l’époque des chevaliers, les cyclistes se battent becs et ongles sur les routes espagnoles mais cela n’empêche pas quelques gestes en grands seigneurs des dominateurs. S’il y a bien une étape qui a marqué ce Tour, c’est celle où l’allemand Bert Dietz, échappé de la première heure, se fait rattraper par Jalabert dans les derniers mètres de la montée vers Sierra Nevada mais l’allemand ne sera pas dépassé vu que le leader de l’épreuve va laisser la victoire au courageux du jour. La Vuelta de Jalabert ne s’arrête pas là, trois autres victoires dont Luz-Ardiden vont se rajouter à son palmarès. Une Vuelta menée de haut vol et qui se voit récompensée du maillot de oro, du maillot de meilleur grimpeur et du maillot du classement par points. Rien que cela.
Si 1995 est souvent associée à la Vuelta quand il s’agit de Laurent Jalabert, elle représente aussi l’une de ses meilleures saisons, si ce n’est la meilleure. Car avant le Tour d’Espagne, le français a débuté sa saison sous les meilleurs hospices, à la manière du sprinteur qu’il était encore. Mais sa saison va être marquée par des victoires plus belles les unes que les autres, Milan San Remo, la Flèche Wallonne, Paris-Nice dont une étape, le Tour de Catalogne, une étape du Tour et de nombreuses places prestigieuses. Il échoue même au pied du podium de la Grande Boucle, un Tour trop dur pour lui. A l’issue de cette saison, le français décroche le titre de numéro un mondial, une place qu’il va connaître à nouveau les années suivantes. En plus de cela, il se voit décerner le Vélo d’Or, le Vélo d’Or français et le Mendrisio d’Or. Insolent de facilité, Laurent Jalabert a dû en attiser de la jalousie mais a dû régaler les amateurs de la petite Reine. La Vuelta en a vu des champions, elle n’allait pas se passer du talentueux mazamétain.
Article réalisé par Emilie Drouet l Images : archives Vuelta / RTVE