Les Mémoires du sport : Les Jeux Olympiques, otages de la Guerre Froide

Publié par Etienne Escuer sur 23 Août 2011, 11:00am

Quoi de mieux que les Jeux Olympiques pour définir l'universalité qui brille à travers le sport ? Pendant quelques semaines, les nations du monde entier oublient leurs soucis, leurs rivalités pour se dévouer à cette compétition et ramener le plus de médailles possible. Montrer sa domination, réaliser un exploit, dépasser ses limites. Et encore une fois, oublier les rivalités. Américains et Arabes se côtoient, tout comme les Nord et Sud-Coréens. Et pendant ce temps, ils font comprendre que tous, nous nous ressemblons, nous avons les mêmes valeurs, les mêmes envies, les mêmes sentiments, d'où que nous venions. Malheureusement, il arrive que les tensions soient trop fortes pour permettre la cohabitation de plusieurs pays. En 1980 à Moscou et en 1984 à Los Angeles, par exemple. La Guerre Froide n'avait pas encore fait de victimes. Elle en a fait une, le sport. Retour sur ce triste épisode.

Moscou 1980

Tout commence en 1974 quand le CIO doit choisir entre la peste et le choléra pour accueillir les Jeux de 1980. La peste et le choléra, ce sont l'URSS et les Etats-Unis, seules superpuissances de l'époque. Et les Soviétiques sont choisis. Ensuite, il y a ce triste jour de décembre 1979 où ils décident d'envahir l'Afghanistan et de le plonger dans une profonde crise dont il n'est toujours pas sorti. Dans le monde, c'est la consternation. Puis la protestation, à l'appel des Etats-Unis. Ces derniers, dirigés par Jimmy Carter, plutôt pacifiste, cherchent des moyens de punir l'URSS sans combattre et provoquer un nouveau conflit mondial. Le président démocrate prend alors la décision, entre autres, de boycotter les Jeux Olympiques qui auront lieu un an plus tard à Moscou. Par la suite, le CIO tentera de trouver un commun-accord, pour préserver la tenue de la compétition. Les Soviétiques lâchent du lest, mais pas assez pour les Etats-Unis. Washington ne cède pas et parvient à rassembler d'autres nations qui partagent son avis. Au total, une cinquantaine de pays refuse de faire le voyage en URSS. Si la majorité des pays occidentaux participe, la compétition est en revanche amputée d'une bonne partie des nations d'Amérique et d'Asie, et de plusieurs nations Africaines et Arabes.
Les Jeux Olympiques commencent donc, mais sans réel intérêt puisque seuls les Américains pouvaient rivaliser avec l'URSS. Les Jeux sont quand même marqués par la protestation. En effet, sur les 80 nations participantes, 15 courent sous la bannière olympique, notamment les pays d'Europe Occidentale, rejoints par l'Australie et Porto Rico. Malgré ce regroupement, ces pays ne peuvent rien faire face à la domination soviétique. Et à la fin, les résultats sont frappants. Les 7 sportifs les plus médaillés sont Soviétiques ou Est-Allemands. L'URSS termine avec 195 médailles, dont 80 en or. L'Allemagne de l'Est est deuxième, avec 126 médailles donc 47 en or. A eux deux, plus de la moitié des titres. La Bulgarie arrive sur la marche du podium avec 41 breloques, suivie par Cuba. L'Italie, la France et la Grande Bretagne se classèrent dans le top 10, sous bannière olympique. Mais loin, très loin...
Les Jeux Olympiques de 1980 auront été un véritable fiasco sportif, et n'auront servis qu'à faire admirer la puissance des athlètes soviétiques, sans réelle concurrence. Le monde du sport ne souhaite plus revivre cela. Et pourtant...

Los Angeles 1984

Candidate malheureuse pour les Jeux de 1980, la ville de Los Angeles est cette fois désignée pour accueillir la plus grande compétition mondiale. Seule ville en lice après le retrait de... Téhéran, on peut déplorer la tenue des Jeux Olympiques aux Etats-Unis seulement 4 ans après l'édition soviétique. Et ce qui devait arriver arriva. Début de l'année 1984. Moscou annonce, à la surprise générale – ironie – que l'URSS n'enverra pas ses délégations sur le sol américain. Et bien entendu, les alliés soviétiques font de même. Ainsi, Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie et Allemagne de l'Est rejoignent l'URSS et contribuent à renforcer le boycott soviétique. Les pays communistes, tels Cuba ou la Corée du Nord, ou encore quelques nations asiatiques et africaines ne seront pas au rendez-vous non plus. Pour justifier ce boycott, l'URSS déploie l'argument de la non-sécurité de ses délégations en terre américaine et dénonce l'utilisation politique des Jeux par les Etats-Unis. Officieusement, les Soviétiques se contentent de répondre au boycott américain... Mais ces Jeux montrent surtout les premières fissurent du bloc soviétique. La Chine, la Roumanie et la Yougoslavie prennent part à la compétition et affaiblissent le boycott de l'URSS. Lors de la cérémonie d'ouverture, un accueil chaleureux sera réservé à ces 3 nations, malgré la haine du Président Reagan et d'une importante part de la population envers les communistes.
Sur le plan sportif, rien ne peut arrêter les Américains, qui remportent 174 médailles dont 83 en or, soit le tiers des titres olympiques. Loin derrière, on retrouve la Roumanie, puis la RFA, qui devance la Chine, qui remporte 32 médailles pour sa première participation ! Cette compétition marquera surtout la fin d'une période de boycott commencée en 1976 et propulsera les Jeux vers un avenir meilleur, et surtout plus médiatique.

Enfin, pour nous Français, les Jeux de 1984, c'est surtout la victoire finale de l'équipe de France de football !

Article réalisé par : Etienne Escuer l Images : anar.zone / olymphilatelie / mapsofworld

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