Cette semaine, Culture Sport pose ses bagages en Argentine et plus précisément dans la capitale. Première destination de notre tour du monde 2011 : Buenos Aires. Ville sportive, elle a vu la naissance du Dieu Maradona, a son propre tournoi de tennis, ses deux équipes de foot, deux grands stades et accueille depuis 2009 le départ et l'arrivée du Dakar. En route vers le soleil.
Il y a des joueurs, comme ça, dont vous ne savez quoi pensez. Leur talent n'a d'égal que leurs excès. Et si l'on ne devait retenir qu'un seul de ces joueurs, ce serait sans contestation possible lui, Diego Armando Maradona. L'Argentin fut capable du meilleur comme du pire, durant sa longue carrière (21 ans au plus haut niveau !).
D'Argentinos à Naples, en route vers la gloire
« El Pibe de Oro » (« le gamin en or »), passe son enfance à jouer au foot, le sport populaire en Argentine. Dès l'âge de 11 ans, il est remarqué par un recruteur du club d'Argentinos Juniors, qui l'intègre à son équipe de jeunes. Le garçon attire les foules et rapidement les médias, auxquels il déclare, à seulement 12 ans, qu'il souhaite jouer la Coupe du Monde avec l'Argentine et la remporter ! A 16 ans, l'équipe première du club s'ouvre à lui. Avec l'aide de Maradona, Argentinos Juniors, qui joue souvent le maintient, devient l'un des cadors du championnat. Cela n'échappe pas à l'entraineur de l'Albiceleste qui le convoque en sélection nationale la même année. Le gamin ne participera pas à la Coupe du Monde en 1978 mais l'année suivante, il remporte la Coupe du Monde Espoirs. En 1981, Maradona quitte Argentinos, sans titre, mais avec la bagatelle de 143 buts marqués en 207 matchs, pour rejoindre Boca Juniors, porte d'accès pour l'Europe. Après avoir remporté la championnat et humilié le rival River Plate, « El Pibe de Oro » s'en va et rejoint le FC Barcelone, mais avec une mauvaise réputation. En effet, Diego s'est illustré pendant la Coupe du Monde 1982 organisée en Espagne en agressant un joueur Brésilien.
Dans le club catalan, Maradona va se forger une mauvaise réputation : bagarres, vie nocturne agitée et arrosée, prise de cocaïne. Les saisons de Diego à Barcelone sont pourtant correctes, il remporte la Coupe du Roi et marque 38 buts en 58 matchs. Cependant, une énième bagarre avec son bourreau Andoni Goikoetxea le pousse à quitter l'Espagne. En 1984, Maradona rejoint donc l'Italie, dans un club de milieu de tableau, le SSC Napoli.
La première saison de Maradona est quelconque, Naples joue le milieu de tableau. Mais le talent de son prodige l'amène à la troisième place du championnat la saison suivante, juste avant la Coupe du Monde 1986. Cette Coupe du Monde sera celle qui restera dans les annales et qui gravera à jamais le nom de Diego Armando Maradona dans les légendes du football. Plus précisément, c'est le quart de finale face à l'Angleterre qui reste gravé dans les mémoires. Pour le meilleur comme pour le pire bien évidemment... Car Diego Maradona va marquer 2 buts. Un scandale et un chef d'œuvre. « El Pibe de Oro » va inscrire le premier but avec sa main et justifier cette action comme venant de Dieu... La fameuse « Mano de Dios », qui inspirera plus tard Thierry Henry et Luis Suarez. Mais le deuxième but est aussi splendide que le premier est horrible. Parti du milieu de terrain, le capitaine argentin passe en revue toute la défense anglaise, éliminant les défenseurs un par un, avant de dribbler le gardien et de pousser le ballon au fond des filets. Un véritable chef d'œuvre. Du grand art. L'Argentine s'imposera cette année en Coupe du Monde grâce à Maradona, qui réalisera son rêve de gosse. La légende de Diego Maradona peut commencer.
Et cette légende continue à prendre forme à Naples. Avec le Napoli, Maradona s'offre un doublé championnat-coupe la saison post-Coupe du Monde. Maradona devient un dieu. La saison suivante est moins réussie mais l'Argentin termine tout de même meilleur buteur du Calcio. Un an plus tard, les Napolitains se rattrapent en remportant la défunte Coupe de l'UEFA, où Diego Maradona obtient la note de 10/10 par les journaux italiens lors de la finale face à Stuttgart, et en terminant deuxièmes de Serie A. En 1990, le SSC Napoli s'impose de nouveau en Championnat, et s'offre la Supercoupe d'Italie. Maradona est à son apogée. Plus dure sera la chute.
La descente aux enfers
Maradona dispute une nouvelle Coupe du Monde, en 1990 en Italie. Mais depuis quelques mois, le génie est sur le déclin. La presse lui trouve un fils illégitime, relate ses soirées arrosées et dévoile ses liens avec la mafia napolitaine. Le tournoi mondial sera plus difficile que le précédent et Diego Maradona porte son équipe à bout de bras. Ses prestations ne suffiront cependant pas à offrir à l'Argentine un deuxième titre consécutif, l'Albiceleste s'inclinant en finale contre l'Allemagne.
Mais cela n'est rien comparé à l'événement qui intervient un an plus tard. « El Pibe de Oro » est contrôlé positif à la cocaïne par la police italienne. Suspendu 15 mois, l'Argentin préfère quitter Naples. Il atterrit à Séville en 1992 où il livre une saison quelconque et décide un an plus tard de retourner au pays. Maradona s'engage donc aux Newell's Old Boys mais commet encore d'innombrables excès. Un timide sursaut d'orgueil l'ammene en sélection pour la Coupe du Monde 1994, mais un énième contrôle positif à la drogue le prive d'une bonne partie du tournoi où « El Pibe de Oro » joue ses derniers matchs avec l'équipe nationale. Diego Maradona s'engage l'année suivante avec Boca Juniors mais n'est plus au niveau et raccroche les crampons en 1997. C'est ainsi que la légende de Diego Maradona se termine, aussi pitoyablement qu'elle a splendidement commencé. Du moins, c'est ce que l'on croit. Disparu de la planète foot, l'Argentin refait parler de lui en 2004. Pour le pire...
Depuis la fin de sa carrière, Maradona a pris du poids. Beaucoup de poids. Enormément de poids. 144 kilogrammes pour 1m66. En Avril 2004, le drame arrive. L'Argentin est victime d'une crise cardiaque à laquelle il survit miraculeusement. S'en suit alors un pontage gastrique qui fait perdre à Diego plus de 40 kilos. Dans la foulée, il subit une cure de désintoxication. C'est alors la résurrection, Maradona retrouve la forme (pas pour longtemps...) et réapparait sur les écrans de télévision, notamment aux côtés d'Hugo Chavez, pour montrer son opposition au président états-unien George W. Bush. Cependant, en 2007, l'Argentin reprend ses bonnes habitudes et est de nouveau hospitalisé pour un malaise cardiaque – l'alcool, les cigares et le surpoids forment rarement une belle association.
Un an plus tard, alors que l'Argentine peine à se qualifier pour la Coupe du Monde, l'entraineur en place, Alfio Basile démissionne de ses fonctions et l'Albiceleste doit trouver un nouveau sélectionneur. Comme dans la plupart des pays – sauf en France où l'on nomme Raymond Domenech, au palmarès international aussi fourni que celui de l'équipe de Samoa Américaines – une star nationale est désirée, et qui mieux que la légende du football argentin, Diego Armando Maradona pour prendre les commandes de la sélection ? « El Pibe de Oro » est donc nommé en octobre 2008, avec pour mission de qualifier l'Argentine pour la Coupe du Monde Sud-Africaine. Une mission que la star remplira difficilement, son équipe ne validant son ticket que très tardivement face au Pérou et à l'Uruguay dans d'âpres matchs. La qualification fut très éprouvante, avec notamment une défaite 6-1 en Bolivie où « chaque but bolivien a été un coup de poignard dans [son] cœur ». Plutôt résistant Maradona. Et il le fait savoir à ses détracteurs lors d'une conférence de presse qui restera dans les annales, où il s'adresse aux journalistes d'une façon vulgaire (« A tous ceux qui n'ont pas cru en nous, excusez moi mesdames, qu'ils me s..... et qu'ils continuent à me s.... »). Entre temps, Maradona aura été rattrapé par le Fisc italien à qui il doit 37 millions d'euros.
La Coupe du Monde s'avère moyenne pour l'Argentine, qui sera éliminée et humiliée en quart de finale face au collectif allemand (4-0) mais nous aura au moins permis de voir « El Pibe de Oro » en costard. Finalement, il sera écarté des fonctions après la Coupe du Monde et remplacé par Sergio Batista. Depuis ce jour, Maradona ne fait plus parler de lui mais avec l'Argentin, il faut s'attendre au pire comme au meilleur dans les années à venir...
Article réalisé par Etienne Escuer l Images : Champress/Staragora/L'Equipe/Whoateallthepies/Le Post
Maradona, du gamin en or à l'homme controversé
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