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Thor Hushovd ou comment un Tour de France peut vous sauver une saison

Publié par Chloé Lemarchand sur 18 Octobre 2011, 10:00am

Catégories : #CYCLISME

C'est la fin de saison du cyclisme sur route professionnel, la fin d'une saison où Thor Hushovd aura porté avec fierté le maillot de champion du monde. Un règne débuté le 3 octobre 2010 pour s'achever le 25 septembre dernier. Un roi à la couronne bancale jusqu’au Tour de Suisse et cette victoire d’étape devant Peter Sagan, victoire qui l’aura lancé vers un Tour de France inoubliable. Une course que tout le monde retiendra de lui cette année, celle qui aura fait passer sa saison de « ratée » à « réussie ». Un noir et blanc, poussiéreux des pavés du Paris-Roubaix, course de ses rêves où il n’aura pu respirer, qui s’est coloré malgré les paysages pluvieux de la première moitié de ce dernier Tour de France. Retour sur une saison en demi-teinte, dont la plus belle reflète sa carrière, carrière –presque- parfaite.

 

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Roger Legeay et Thor Hushovd sur le dernier Tour de France

 

Le Taureau de Grimstad, comme il est surnommé, a grandi, appris et gagné pendant neuf années (de 2000 à 2008) au Crédit Agricole, équipe qu’il n’aura jamais quitté de son plein gré tellement il se sentait bien sous le professionnalisme rassurant de Roger Legeay. Celui-ci avait fait confiance au Norvégien, révélé en 1998. Cette année là, il glanait chez les espoirs de gros titres démontrant un talent certain : un Paris-Tours, un championnat du monde de contre-la-montre et surtout un Paris-Roubaix. Sa course par excellence, la course de ses rêves. Depuis le début de sa carrière, il court en particulier pour elle. Quand le mois d’avril arrive, sa seule pensée est de lever les bras, chez les pros, au vélodrome de Roubaix, embrasser, et soulever cet énorme pavé, synonyme de victoire.

C’est qu’il l’a effleuré ce pavé ! A de nombreuses reprises. En 2009, il prend la troisième place après une chute dans le carrefour de l’arbre où il bataillait avec Tom Boonen, avec lequel se profilait un sprint… pour la victoire finale. En 2010, il finit second, derrière un Fabian Cancellara impérial, surpassant tous les autres coureurs, une classe au dessus.

Cette année, il le voulait ce titre, il la voulait cette course. Lever les bras sur le vélodrome, vêtu d’un maillot arc-en-ciel bien poussiéreux. Malheureusement pour lui, la stratégie d’équipe en aura voulu autrement. Malgré son envie de revenir sur les échappés pour croire en la victoire, puisque c’est lui qui avait attaqué avant que Fabian Cancellara ne prenne le relais, Jonathan Vaughters refusa de lui laisser pareille chance. En effet, Johan Vansummeren étant à l’avant, faire revenir le Suisse aurait été un suicide. Le Norvégien ne prendra plus le relais du champion du monde de contre-la-montre, qui, énervé, décidera d’arrêter de rouler. La fin d’un rêve pour Thor Hushovd, remis à l’année prochaine avec une équipe de la BMC qui ne s’alignera que pour lui !

 

Cette course a beau être une obsession, il n’y a pas que le Paris-Roubaix durant la saison. Non, il y a son deuxième grand rêve, la course de fin de saison, le sacre suprême, les championnats du monde.

Un rêve exaucé, le 3 Octobre 2010. A Geelong, en Australie, alors que personne ne voyait son groupe revenir pour la victoire, il lève les bras, après un sprint. Une course à élimination dont il est sorti vainqueur. Un rêve incroyable, « 1 sur 2 » comme il l’avait dit, en attendant un sacre sur la course de l’enfer du nord.

 

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En arc-en-ciel, sur le GP de Plouay

 

Il a donc voulu que cette saison soit inoubliable, la marquer de son empreinte et faire oublier cette « malédiction du champion du monde » qui faisait que le porteur de l’arc-en-ciel se montrait très peu, tombait malade ou se blessait, à l’image de Cadel Evans et sa fissure au coude sur le Tour de France 2010 ou des problèmes de santé d’Alessandro Ballan.

On aura pourtant longtemps cru que la Norvégien répondrait positivement à cette « règle ».

Complètement absent durant la première partie de saison, on se demandait même si le natif de Grimstad était vraiment aligné sur ces courses ou si nous avions le droit à un clone. Trèves de plaisanterie, il était absent des courses malgré une ou deux attaques sur les classiques d’avant Paris-Roubaix, pour « tenter » de faire quelque chose, tenter de se montrer, tentatives synonymes de sa totale impuissance à peser sur la course, tout comme son équipe que l’on annonçait « à battre ».

Après le Paris-Roubaix, le Norvégien devait faire un « bilan » de ce printemps. Sur la course, il s’est passé cette tactique payante pour les Garmin-Cervélo, tactique qui aura moyennement plu à Thor Hushovd et qui aura suscité de nombreuses questions quant à sa forme, sa saison à venir, et ce maillot que certains disaient « peut-être un peu trop lourd à porter».

 

On attendait Thor Hushovd lors des classiques de printemps, mais il aura été absolument absent. La pression est donc devenue on ne peut plus présente. 

Mais la saison est longue et il annonce ensuite officiellement ses futurs objectifs, objectifs dont tout le monde se doutait : bien figurer sur le Tour de France, sa course de plusieurs jours favorite. En effet, le Tour de France est une course avec laquelle il a toujours été en harmonie.

Depuis 2001, il fait partie des partants de la Grande boucle. Dès sa première participation, il remporte avec son équipe, le Crédit Agricole, le contre-la-montre par équipes devant des ONCE, Festina ou US Postal. Dès 2002, il remporte, à Bourg-en-Bresse, grâce à sa figuration dans l'échappée du jour, sa première victoire individuelle sur le Tour de France. La première d'une longue série puisqu'il va en tout et pour tout en remporter neuf autres dont au moins une, tous les ans, depuis 2006. Toutes ses victoires d'étapes vont, jusque cette saison 2011, récompenser un Thor Hushovd très bon sprinteur et rouleur, en démontrent aussi ses deux maillots verts remportés en 2005 et 2009, dont le dernier récompensait aussi un sprinteur plutôt bon grimpeur. 

 

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Au matin de sa victoire d'étape à Joigny dans l'après midi, sur le Tour de France 2007

 

Il venait donc sur le Tour de France avec l'ambition d'enfin rayonner, de faire briller son maillot irisé. Il avait comme but de troquer son maillot de champion du monde contre un maillot jaune dès le premier jour, de lever les bras au moins une fois à la fin d'une étape et de, pourquoi pas, reconquérir le maillot vert qui lui avait filé entre les doigts l'année précédente à cause du non décernement des points pour le classement au final de l'étape de Spa.

 

Mais avant cela, la Garmin-Cervélo l'emmène dans son équipe pour le Tour de Suisse, pour se préparer et le préparer. Et enfin, le monde du cyclisme souffle un "ouf" de soulagement, le Norvégien lève les bras après un sprint devant Peter Sagan. Une victoire de très bon augure avant le Tour de France et de plutôt bonne qualité à la vue de l'homme qui le suivait sur le podium. 

 

Cela va donc être un Thor Hushovd rassuré qui s'alignera sur la Grande Boucle, malgré la pression qui l'entoure : le champion du monde doit se montrer à la hauteur de son maillot lors de la plus grande course cycliste du monde, la plus médiatisée, la plus populaire, alors qu'il vient, et ça ne semble qu'anecdotique, de perdre son titre de champion de Norvège, en finissant troisième, fin juin.

C'est ce qu'il va manquer de faire dès le premier jour, au Mont des Alouettes où, Philippe Gilbert aura, justement, été plus fort. Il finit troisième. Le lendemain, il remporte avec son équipe le contre-la-montre et s'empare du maillot jaune tant voulu. Le début du règne du champion du monde sur ce Tour de France. Le lendemain, il va jouer les équipiers de luxe. En jaune, il emmène le sprint à Tyler Farrar, à Redon, qui le remporte d'un rien devant Romain Feillu. La semaine passant, le Norvégien garde le jaune, sachant contourner ce qui pourrait s'appeler "petits pièges" et mener à la perte du maillot de leader. Jaune sur le dos, il ne participe pas aux sprints intermédiaires, son coéquipier Tyler Farrar non plus, ce qui démontre que Jonathan Vaughters a d'autres idées en tête, que le maillot vert est de trop. En effet, au départ, il souhaitait la victoire au contre-la-montre par équipes, une ou d'autres victoires d'étapes, le port du maillot jaune, un coureur dans le Top 10 final et le classement final par équipes.

 

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Une semaine entière en jaune pour le Norvégien


Thor Hushovd perd alors le maillot jaune le 10 Juillet puisque le peloton attend les nombreux coureurs victimes de chutes en cascade, dont Christian Vande Velde, de la Garmin-Cervélo, à cause desquelles Alexandre Vinokourov et Jurgen Van den Broeck sont contraints à l'abandon, et laisse filer l'échappée.

Néanmoins, le champion du monde ne compte pas en rester là : le port du maillot jaune pendant une semaine, c'est très bien, mais ajouter à cela une victoire d'étape, c'est encore mieux. Il va se révéler alors fin tacticien. Sachant, à présent, qu'il ne peut plus rivaliser face à de nombreux coureurs dans les sprints massifs, il se lance dans un autre domaine : l'échappée sur étape escarpée, comme à ses débuts. Cette tactique fait mouche à deux reprises, résultat plus qu'inespéré.

La première se fait à Lourdes mais cette victoire est loin d'être un miracle. Le Norvégien est acclamé par la foule, même s'il vient de prendre la victoire à un Français qui aurait pu être Jérémy Roy ou David Moncoutié. Il remet ça trois jours plus tard, à Gap où il parvient à devancer son compatriote Edvald Boasson Hagen grâce à son coéquipier, Ryder Hesjedal.

A Paris, il termine sur le podium avec ses coéquipiers : la Garmin-Cervélo remporte le classement par équipes.

 

Au final, son équipe aura réalisé tous les souhaits de Jonathan Vaughters grâce, en partie, à Thor Hushovd.
Le champion du monde aura fait briller les couleurs de son maillot irisé sur la course la plus retransmise médiatiquement au monde. Il aura fait honneur à son maillot : la saison pourrait s'arrêter là, il aurait déjà réussi son année.

 

Quelques semaines plus tard, son transfert à la BMC pour la saison prochaine est annoncé, une erreur peut-être. En effet, quelques jours après, Jonathan Vaughters annonce sa sélection pour le Tour d'Espagne... sans le Norvégien ; un choix démontrant peut-être une certaine rancune envers Thor Hushovd. Deux clans se créent alors suivant cette polémique : un trouvant le choix complètement normal à la vue de l'effectif de l'équipe Américaine et un second, révolté, qui ne comprend absolument pas l'absence du champion du monde sur la Vuelta, qui est, pour eux, inacceptable.

Peu importe, il sera alors aligné sur le GP de Plouay, ou le Tour de Grande-Bretagne. Sur la première, il finira quatrième et sur la course d'une semaine, il s'offrira une victoire, seul, devant le public de Caerphilly. Et ce fut sa dernière victoire en tant que champion du monde.

 

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Thor Hushovd absent sur la Vuelta, mais présent au Grand Prix de Plouay


Le 25 Septembre dernier, il perd alors son beau maillot arc-en-ciel, ne pouvant participer au final avec les meilleurs puisque pris dans une chute, il finit dans un second groupe. Néanmoins qui aurait pu battre l'impérial Marc Cavendish sur un sprint pareil ? Certainement pas lui. Mais il est vrai que l'issue de la course aurait pu être différente, même si cela est difficile à imaginer.

 

 

Le Norvégien aura donc au final réussi sa saison en champion du monde. Il aura fait briller le maillot arc-en-ciel qui depuis quelques années avait vu ses couleurs pâlir. Cependant, il ne faudra pas oublier que la saison n'a pas été toute rose, loin de là, à l'image de son printemps des plus chaotiques. A présent, une page de sa carrière se ferme et une autre s'apprête à s'ouvrir. Celle d'un Thor Hushovd dans une équipe BMC qui semblera des plus fortes, pour ne pas dire la plus forte. Cela lui permettra peut-être enfin d'accrocher une victoire sur le Paris-Roubaix, son grand but de la prochaine saison.

 

Article réalisé par Chloé Lemarchand | Photos : Emilie Drouet, Amélie Croguennec, Chloé Lemarchand.

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