Je pleure Laurent Fignon

Publié par Emilie Drouet sur 31 Août 2011, 09:53am

Certaines dates marquent plus que d’autres. Il y a un an, il nous quittait. Laurent Fignon s’est échappé pour toujours… Aujourd’hui, je pleure.

Je redoutais ce jour-là. Le 31 août dernier, j’étais devant le journal télévisé et dans l’encadré, est apparu le visage de Laurent Fignon. Il ne m’aura pas fallu huit secondes pour comprendre. Jusque-là, je me disais, pas de nouvelles, bonnes nouvelles mais là, il fallait se résoudre à l’évidence, Laurent Fignon nous avait quitté…

Comme beaucoup, l’annonce de sa maladie en 2009 m’a beaucoup touché. Je commençais tout juste à apprécier ce nouveau commentateur du Tour de France. C’est d’ailleurs l’image la plus réelle que j’ai de lui. Je n’étais pas encore née quand il gagnait coup sur coup deux grandes Boucles. Je n’avais que deux ans quand il faisait la une des journaux pour les fameuses huit secondes et sa victoire sur le Giro. Souvent ça commence comme ça, je ne tiens pas attention à certains sportifs puis comme par magie, ils prennent une importance insoupçonnée dans ma vie.

Le « professeur », cette image qui l’a longtemps suivi, c’est peut-être ça qui m’a donné envie d’apprendre à le connaître. Il avait d’ailleurs sorti son livre ‘Nous étions jeunes et insouciants’, j’ai aimé lire ce livre. Ce livre où règne une atmosphère particulière, l’empreinte de Laurent Fignon certainement. Ce livre où il évoque tout ou presque, ses débuts, les filles, la fête, le vélo dans tous ses états. Passionnant, déroutant.

Après l’annonce de son cancer en 2009, inconsciemment, j’ai écouté encore un peu plus ses analyses, ses commentaires, ne pas perdre une miette de ses avis éclairés, comme si c’était les derniers... Toujours en 2009, à la fin du Tour, le moment le plus marquant pour moi a été celui où Daniel Bilalian rejoint Laurent Fignon et Thierry Adam en cabine pour remercier les équipes de France Télévision et en particulier le commentateur courageux qu’a été Laurent Fignon, jonglant entre le Tour de France et les séances de chimiothérapie. Alors le parisien qui s’est montré fort jusqu’ici va fondre en sanglot. Juste avant qu’il ne parle, je prévoyais parfaitement ce moment d’émotion, il a eu lieu. L’armure s’est fendue. C’était un homme avant tout.

Et puis il y a eu 2010, nous avions le bonheur de le retrouver aux commentaires du Tour sans penser que sa voix ne serait plus la même qu’avant. Sa voix était désormais éraillée, fatiguée par la maladie. Un autre choc mais pourtant… Une fois le Tour fini, j’espérais encore l’entendre sur une autre course mais le 31 août en a décidé autrement. Journée de tristesse intense pour le monde du vélo qui a perdu un de ses plus grands représentants.

Ce jour-là, j’ai l’impression d’avoir perdu un membre de ma famille. Je ne pouvais plus désormais avoir la chance de croiser un jour ce grand champion, ce champion de France 1984, ce vainqueur à deux reprises du Tour de France, ce vainqueur du Giro, ce meilleur jeune du Tour 1983, cet intellectuel du peloton, cet homme avant tout.

Un an après, la tristesse ne m’a pas quitté. Je pense très souvent à Laurent Fignon, je ne l’oublie pas. Nous ne l’oublierons pas.

Article réalisé par Emilie Drouet l Images : Maxppp/AFP