Les miracles existent. La preuve avec Brawn GP. Crée en mars 2009, l'équipe est double championne du monde à la fin de la saison. Incroyable ? Certes. Logique ? Surtout. Récit.
Après une saison catastrophique et en pleine crise économique, Honda prend la décision de se retirer de la F1. Un choc pour les 700 employés de l'écurie, ainsi que pour les pilotes, les expérimentés Jenson Button et Rubens Barrichello. Pas pour le directeur technique, Ross Brawn, connu pour avoir officié 10 ans chez Ferrari près de Schumi. Car l'Anglais a une petite idée derrière la tête... Peu de repreneurs se présentent et, pour une somme symbolique, il rachète l'écurie le 6 mars, 3 semaines avant le début du championnat. Il la rebaptise Brawn GP.
La BGP 001 (nom de la voiture) voit alors le jour. Parfaitement adaptée au nouveau règlement 2009, on se doute que Brawn travaille dessus depuis un bout de temps, ce qui explique les mauvais résultats de la saison passée. Lors des essais de pré-saison, la nouvelle voiture se montre exceptionnelle. Alonso voit cette BGP 001 comme la plus rapide du plateau. Il a raison.
Il faut dire que Ross Brawn n'est pas n'importe qui. Il est en F1 depuis 1978. L'Anglais opte donc pour un diffuseur à deux étages à l'arrière de la voiture. Un choix audacieux, suivi aussi par Williams et Toyota. Pas par Ferrari, McLaren, Renault et Red Bull, lesquels s'indignent et porte réclamation. La FIA les déboute : le double diffuseur est conforme au règlement.
Dans son chassis, Brawn choisit d'y intégrer un moteur Mercedes. Un bon choix, puisque le moteur est performant et facile à installer. Par contre, par manque de temps et par désintérêt, il choisit de ne pas développer le KERS – SREC en français, Système de Récupération de l'Energie Cinétique. Ce KERS se révèlera être plus handicapant qu'autre chose pour les équipes. Paris gagnés pour Brawn. Lequel réussit aussi à dégoter un sponsor, l'entreprise Virgin de l'homme d'affaires Richard Branson. Seul sponsor de l'écurie qui présentera une voiture vierge une bonne partie de la saison.
Bruno Senna, neveu du regretté Ayrton, devait obtenir un baquet en F1 via Honda. Finalement, Ross Brawn décide de garder les deux titulaires de l'an dernier, à savoir Jenson Button et Rubens Barrichello. Le premier a perdu son prestige, surtout qu'un autre Britannique – Lewis Hamilton – a pris sa place dans le cœur des Anglais. Le second a été, des années durant, un simple coéquipier de Schumi, et donc éclipsé par l'Allemand. Pour les deux, la rage de vaincre est immense.
Chassis, moteur, pilotes, staff, tout est opérationnel pour réussir une bonne saison. Et dès le début, Brawn GP met les choses au point. Pour sa première course, l'écurie signe un doublé en Australie. Elle récidivera en Espagne, à Monaco et en Italie. Au total, elle s'adjuge 8 victoires (6 pour Button, 2 pour Barrichello), 14 podiums et 5 pole positions. Après un départ exceptionnel de Button (6 victoires en 7 courses), la folie Brawn GP se calme mais les pilotes assurent l'essentiel et ramène les points nécessaires pour conquérir les deux titres. Jenson Button est sacré champion du monde avec 95 points, 11 de plus que Vettel. Rubens Barrichello termine quant à lui troisième, avec 77 points. Brawn GP est championne du monde avec 172 points, devant Red Bull (153,5 points).
Au final, Brawn GP sera sponsorisé par Mercedes et Petronas la saison suivante, changera d'appellation (Mercedes GP Petronas), de livrée (le gris et le vert remplacent le blanc) et de pilotes (Michael Schumacher, sorti de sa retraite, et Nico Rosberg, ex-Williams, prendront les places de Jenson Button, parti chez McLaren, et de Rubens Barrichello, envoyé vers Williams).
Ainsi se termine l'incroyable aventure de Brawn GP, née sur les ruines de Honda, et sacrée dès sa première saison, une performance inédite.
Article réalisé par : Etienne Escuer l Images : tomorrownewsf1 / guardian / chaarmax